lundi 22 juin 2020

R de . . .

J'avais presque honte d'être là.
Bon sang quelle histoire, je sens que je vais avoir du mal à raconter ces arcanes et et avatars d'un sacré boulot si . . . disons, déjà confidentiel, envié sans raison et discrédité par la vox populi.
Le prétexte professionnel avait été d'aller jeter un oeil sur l'insertion et le travail d'un ancien collaborateur, un ancien animateur puis directeur de centre franco-quelque chose là-bas très loin de la métropole, un peu fils d'archevêque et sympa au demeurant qui avait obtenu, on savait fort bien comment et par quel parrainage très haut d'un oncle de son papa, un poste à Mahé (Seychelles).
D'autant plus 'presque honte' que cette "mission" subite et improvisée supposait un passage par son ancien lieu de travail, Kisangani (Congo) - lieu où ce protégé des dieux avait d'abord fait ses dents avant cette nomination mirifique, lieu purgatoire avant le paradis, situé à la courbe du fleuve, pour reprendre l'expression de V. S. Naipaul, ce qui revient presque à dire lieu un peu trop proche du choeur des ténèbres, autre désignation de ces parages peu engageants même pour un expatrié aventureux, lieu où les conditions de vie étaient spécialement restrictives, risquées, voire éprouvantes, chaleur bien sûr, "insécurité" comme on n'imagine pas, évidemment, pénurie de tout, coupures d'électricité, d'eau, d'essence, de liaisons aériennes régulières, de téléphone, de transferts bancaires, éloignement extrême de la capitale, de ses quelques ressources humaines, des services  à minima, absence de tout tissu urbain développé, de toute vie culturelle ou divertissante, du moins pour un parachuté en quête d'un semblant de vie à l'occidentale, mises à part certes les animations locales (généralement limitées à des danses folklorique du toujours même groupe de musiciens et danseurs mobilisés avec le même répertoire à l'arrivée de toute et quelconque autorité et à l'occasion la célébration de chaque, il y en avait tant, fête officielle) et hormis les manifestations très modestes organisées par les soins mêmes de ces coopérants expatriés et parachutés là tout spécialement à des fins d'évangélisation des populations accessibles sinon ouvertes aux rudiments de nos moeurs artistico-mondaines.
Ayant constaté que la nouvelle insertion de notre détaché était excellente, il disait et cela semblait avéré, avoir contracté des fiançailles avec la fille du gouverneur local, étant donné par ailleurs que son travail paraissait méritant et honnête, bien que limité et cela était impossible autrement, vu l'éloignement de Paris, la centrale fournissant d'ailleurs très peu de moyens à ses lointains postes perdus au-delà des mers, si ce n'est le prix de location de l'implantation culturelle franco-seychelloise et prise en compte aussi la limitation des ressources et publics locaux, peu orientés du moins par l'économie et les directives officielles, vers d'autres objectifs qu'immédiatement touristiques, notre missionnaire hyper-privilégié en apparence avait dû se rabattre en guise de divertissement après avoir cent fois fait le tour des îles, îlots, petits escarpements belvédères, plages enchaînées en colliers, bref, paysages emblématiques et paradisiaques selon notre vision des délices de ce bas-monde, peuplés d'habitants charmants,  un temps sur les sports de vague, d'eau, de voile et de vent, un autre temps sur la mise en route et l'activation de relations sociales par lesquelles, partant d'une position d'étranger coopérant, on pouvait prétendre accéder assez vite au sommet, ce qu'il avait donc fait.
Mission d'inspection presque accomplie, assuré presque à plein sur la bonne tenue de notre représentant local cultureux, j'avais, pour goûter aussi à ces à-côtés non négligeables du poste, pris une demi-journée de "vacance". Parti en mini-car j'avais commencé la tournée des plages trop blanches aux rochers arrondis en dés géants du hasard, posés là en décor piqué de cocotiers tellement inclinés qu'on pouvait avoir envie, après un long voyage, d'en pleurer de bonheur (là d'accord, je ne fais que recopier de mémoire une publicité bien connue pour un club étalé sur ce genre de site et qui n'en fut pas privé).
Bien . . . cependant, alors au détour d'un virage, éblouissement quand même, je n'étais pas de bois, voilà où il fallait que je m'arrête pour plonger : une plage solitaire, une vraie crique de sable fin à l'eau cristalline, etc . . . et je demandais au chauffeur de bien vouloir m'y arrêter, il aurait le temps trois fois, faisant régulièrement le tour de l'île de m'y reprendre . . .

(A suivre . . .) (parenthèse 2, vous avez remarqué : ça s'écrit et se modifie à mesure, ça reste ouvert,  ceci n'est qu'un brouillon expérimental de ce que je tente de vouloir faire, avec beaucoup de reprises, métier en mouvement ou arrêté, tissu repris, renoué, reprisé, fil changé, parenthèse non fermée . . .

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