dimanche 12 juillet 2020

J de jardin.

(Ne sachant pas, plus . . . si j'ai déjà fait un bout de post sur jardin, j'y reviendrai sans tarder, ma vie est en pointillés et reprises entre-coupées de jachères et de jours jamais refermés, surtout maintenant que je dors bien mais peu, j'essaie d'y mettre un ordre dans l'après coup du jaillissement.)
Le rapport que j'ai au jardin est tout aussi libre, paresseux, tronçonné, inconstant et apparemment dévoyé que ma façon de raconter tout ça. Ne vous y fiez pas, ça relève bien d'un rêve, d'un projet  naïf et grandiose, d'une prétention inouïe, d'un risible désir d'infinitude. Et tout ça doit, devra bien, se raccorder un jour bon gré mal gré (conscience obsessive mais pas angoissante de ce terme ultime) ne serait-ce que par interruption et abandon volontaire ou non. Grand risque d'être emporté ailleurs et peut-être sous terre ou déjà réduit en cendres par le feu infernal et crématoire. (Je l'ai pensé et dit plusieurs fois, fantasme de me voir enterré en squelette ou en poudre au fond de mon jardin.)
C'est dire que chaque jour où j'y suis (encore) présent, dans ce jardin clos de murs de pierre, ouvert sur un côté vers le fond, j'y vais, généralement - généralement très tôt le matin, dans la fraîcheur du vent - sans savoir par avance ce que je vais y glaner, creuser, désherber, tailler, empierrer, carrément couper, abattre, redessiner, cueillir, planter peut-être encore bien qu'il soit déjà bourré comme un dessin de fou, ou découvrir et voir ce que je n'y avais pas encore vu. Ce matin par exemple j'ai cueilli quelques touffes et branches de plans de lauriers, deux ou trois pieds qui sont allés fleurir et chercher plus haut, trop haut, la lumière, je ne vois pas bien tellement c'est enchevêtré ces bouquets d'un rose blanc rare, cachées derrière des bambous foisonnants, envahissants, eux-mêmes poussés derrière l'abricotier mort et bien mort et derrière son frère puissant, l'abricotier malade et retaillé très sévère qui nous a fait cette année au bout de ses branches sciées, dix abricots gros et terriblement parfumés, à côté du prunier sauvage qui lui aussi monté en l'air à côté du vieux cyprés déplumé, produit chaque année cinquante ou cent prunes qui ressemblent bien que trop acidulées, à de petites merveilles de mirabelles vermeilles.

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