mercredi 3 mars 2021

Vieux, très très vieux (première approche).

 Un jour j'ai raconté ça déjà, je me souviens, c'était dans une sorte de journal intermittent et ça se passait à Nîmes comme souvent maintenant que j'y suis plus ou moins assigné à résidence par les événements. L'ai-je rêvé, je ne sais plus, je crois qu'exactement je le rêvais et le voyais tout en le racontant, à mesure. Le récit ne produisait pas l'action, action bien restreinte au demeurant, il la dévoilait peu à peu. Exactement comme . . . . (tournure favorite quand on ne sait pas vraiment comment ça marche) . . . comme on décollerait une pellicule occultante adhérant à une image. Autant dire que je n'étais pour rien - du moins si l'on entend par là une volonté consciente de construire et de dérouler une scène en vue de créer un spectacle - dans cette suite d'événements, de mots, de rapports entre les protagonistes. J'y étais seulement présent et partie prenante, mais donc finalement observateur (en qui d'autre, en quelle autre conscience pouvait se développer cette scène ?) et observé. J'y étais donc pour beaucoup en fin de compte, sans doute. 

D'autant que l'autre protagoniste (nous étions principalement deux) aurait pu, et j'avais sans doute, en même temps que je voyais et découvrais la scène, cette impression, aurait pu être moi, un autre moi à un autre âge, très différent, certes méconnaissable, représentant ce que je refusais d'être, cependant mon semblable, encore plus proche de la mort.

Je suis au Jardin de la Fontaine, lieu sacré s'il en est. Lieu mythique c'est à dire attirant, trop connu, piétiné par tant de passants vivant dans la ville ou venus des quatre coins du monde, depuis si longtemps. Lieu un peu sur-occupé aujourd'hui, à cette heure-ci. 

En effet, les contraintes gestuelles, les fermetures d'espaces publics, de magasins, de musées, de terrasses, de lieux de détente, de distraction, de pratiques de sports, de rencontres, le besoin de décompresser accompagnant le confinement partiel, font que tellement de gens de tous âges et toutes conditions se retrouvent ici, indépendamment les uns des autres, attirés, en ces courts instants de répit et d'ouverture, par le même charme et le même besoin de respirer en ce lieu humanisé depuis si longtemps, traversant les siècles et centré sur le surgissement naturel de cet élément liquide qui a toujours fasciné les hommes, symbole et source de vie, de renaissance et de vérité là où règnerait autrement le désert, l'aridité, la brûlure et le froid sec, muet, inhumain de la pierre.

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