samedi 24 février 2024

S comme nouveau "Spectre qui hante l'Europe".


N'étant ni politicologue émérite bardé de publications, ni spécialiste en haute stratégie des nations, ni consultant des grands de ce monde, ni économiste éclairé par de savantes courbes, ni historien du passé récent ou immédiat, ni (même pas) prévisionniste au petit pied, je me pose parfois des questions Hors Champ . . .  des questions auxquelles je ne saurais répondre.

Ce sont juste des trucs qui trottent dans ma tête, des impressions, peut-être de fausses évidences qui m'assaillent, ainsi :

Aujourd'hui je me dis :  ce n'est plus le communisme à proprement parler qui effraie l'Europe.

L'Europe libérale s'effraie de ce que sont devenues, à l'épreuve des inerties historiques et dans la pratique réelle des impulsions et tendances humaines, les nations anciennes emportées d'abord par le mouvement et l'idéal communiste. Elle s'effraie de ce que sont devenus aujourd'hui les blocs post-communistes à la russe, à la chinoise, à la coréenne ou autres, blocs qui n'ont pas refusé l'héritage du communisme dans ce qu'il peut avoir de plus menaçant pour le libéralisme.

Le libéralisme européen triomphant a encore peur de ce si puissant résidu qui a survécu et qui reprend du poil de la bête.

Ce résidu qui bien que transformé lui apparaît comme la principale menace. 

Aujourd'hui il prend peur des guerres brûlantes induites et engendrées depuis la guerre froide. Et le libéralisme européen semble en avoir, à tout prendre, plus peur que des conséquences des  guerres post-coloniales de domination économiques qu'il enclenche perpétuellement lui-même hors de son territoire ou de la remontée en pente douce mais constante, du nazisme sur le sien propre.

Au grand jour on nous prépare à la pénurie, à la guerre, à faire plus d'enfants pour être capables de nous défendre face à l'ennemi.

Cependant, en sous-main, par avancées rapides et souterraines, de fait, le libéralisme européen s'est engagé sur son aire d'influence dans un autre combat beaucoup plus systématique, ou plutôt systémique, comme on le dit d'un insecticide, et silencieux, contre tout un secteur de sa propre économie productive (ce secteur qui précisément nous différenciait du mode de vie et du rêve américain).

A la traîne des ultra-libéralismes d'Outre-Atlantique, il s'ingénie depuis des lustres et sous des présidences alternées à combattre l'économie productrice non marchande.

Au point de la présenter, du fait qu'elle est productrice de biens non destinés à engendrer un bénéfice purement monétaire, comme quasiment NON productrice.

C'est cela son nouveau spectre. 

S'attaquer, dans un large "spectre" en un tout autre sens plus concret englobant amicales, mutuelles, services sociaux, éducation, hôpitaux, système juridique, à tout service n'engendrant pas de profit au sens strict de rémunération marchande, à toute aide gratuite, à toute activité productrice de mieux être, de savoir, d'enrichissement intellectuel et moral, de progrès collectif, de soin et préventions des misères humaines, en réduisant le service public au minimum et proposant des services privés payants, en échange comme seul choix.

Au point de prétendre remplacer la mutualité par la charité. Certes la charité ne s'en prend nullement à l'injustice et permet beaucoup mieux le contrôle et la domination des faibles.

Au point, autre exemple, de créer par une sorte de prestidigitation se faisant passer pour magique et inspirée, par un tour de bonneteau magistral (vente aux enchères, publicité, presse, pseudo-critiques complices, galeries, fondations, système de mise en valeur créé de toutes pièces) par manipulation et spéculation, un marché de l'art totalement indépendant de la valeur artistique, substitutif de cette valeur, atteignant aux absurdités et scandales que chacun relève et aux dépends d'une sous-rémunération systématique de la plupart des acteurs du champ artistique, écrivains, dessinateurs, rédacteurs, traducteurs, inventeurs et créateurs en tout genre, etc. . .

 . . . Autrement dit tout réduire au monnayable, au rentable, tout inclure à des Centres de Profit, voilà l'objectif final du libéralisme qui ronge notre sol et nos racines comme une taupe aveugle. Sa valeur cible et unique (ce que Marcuse appelait "la société unidimensionnelle") le libéralisme hanté par la peur d'un avenir incertain la trouve dans le monnayable immédiat, toute valeur autre niée, annihilée, ravagée, violée, prostitution des objets naturels ou fabriqués, des corps, des vies. 

Marx avait raison, il est vital, par réflexe autant que par réflexion, d'arrêter notre prostitution.

 


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