vendredi 9 février 2024

B de blanc.

Il ne m'arrive jamais de broyer du blanc.

Cette affaire de page blanche hypnotique et impossible à remplir m'a toujours étonné.

C'est le contraire dans mon cas. J'aurais plutôt le symptôme de la page noire, trop remplie, trop raturée.

Parfois gravée et regravée par dessus. Pléthore des mots qui se présentent; des impressions, des affaires, des histoires, des souvenirs, des analogies, des raisonnements, des revendications, des remarques critiques ou de cris d'admiration (rarement mais ça arrive).

Certains croient que c'est fatigant ce flux. C'est tout le contraire. C'est un courant continu qui me porte.

Je me souviens d'une réflexion de Mauriac ou peut-être un autre : Alain quand il était son professeur de rhétorique lui avait recommandé d'attendre un peu pour devenir romancier, d'avoir accumulé quelques expériences. C'est ce que j'ai cru bon de faire, non que j'ai rempli ma vie d'extraordinaire, mais remplie elle se retrouve malgré son cours officiel et classique, je dirai même conventionnel, institutionnel et voué au service public, de gens, de lieux, aventures, émotions, découvertes, pièges, défis et facettes, oui.

A tel point que je n'ai que difficilement eu accès de façon suivie à la tranquillité, à la solitude nécessaire, finalement aux servitudes et sacrifices de l'écriture. Encore moins au parcours public nécessaire pour essayer d'y présenter mes propres productions s'il est possible de nommer ainsi ces quelques impressions et récits tronqués par la vie réelle ou de quelque façon par ma propre censure, voire par simple pudeur. et peut-être malgré quelques audaces, par ma timidité maladroite.

Voilà comment je me retrouve fort vieux et heureux de ma chance, d'avoir affronté tant de difficultés, y compris celles créés par mes illusions, mes erreurs, mes préjugés, mes insuffisances, de les avoir finalement traversées, d'avoir accumulé ce discours retenu et caché qui coule dans mes veines et voilà maintenant que je tente d'infliger à vous étrangers inconnus.

Désolé, chers lecteurs épars, que ça tombe sur vos épaules innocentes.


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