mercredi 13 août 2025

Camus.

L'unique et grand Albert. L'ami proche de René Char. Un totem. Un fantôme des époques de gloire où il a vécu lui, Résistant. Sur fond de Guerre d'Algérie, drame et point de partage pour les Français. Lui, coupable seulement d'avoir écrit Misère de la Kabylie, mis au banc de la gauche par les marxistes purs et durs.

Difficile de lui échapper dans ma jeunesse tellement il éclairait ce monde encore obscur d'après-guerre dont nous sortions à peine. J'ai été longtemps abonné au journal Combat, résurgence de son esprit, en souvenir de lui. Bien sûr j'avais opté plutôt pour Héraclite, Epicure, Montaigne, Descartes, Spinoza, Husserl, Merleau-Ponty pour échapper à cette sienne vision, l'Eté, Noces, Retour à Tipasa, approche illuminée-illuminante mais aveuglément littéraire.

Son meilleur livre disait Sartre, d'après ce qu'en rapporte Jean Daniel, est La Chute. Bien d'accord, j'en ai fait l'expérience de plusieurs années d'études. Qui n'a pas lu La Chute à l'autre bout, envers et fin de l'Etranger ne peut percevoir le cycle et le procès du héros solaire dans cette oeuvre (c'est ainsi que j'essayais de la saisir et de la caractériser dans ce travail que j'avais envoyé à Roland Barthes). C'est à dire au travers d'une rhétorique embrassant la tragédie humaine comme un cycle naturel, appartenant essentiellement aux rivages de la Méditerranée et à son exclusive lumière productrice de lucidité depuis les Grecs.

Aujourd'hui encore ces lieux où il a vécu, ses formules, son regard, assaillent ma mémoire.

Il n'y a plus de déserts. Il n'y plus d'îles.

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