dimanche 27 décembre 2020

Météo.

 Tout fonctionne aujourd'hui comme la météo.

Quand je cherche sur l'un quelconque de mes appareils de communication avec le monde lointain le temps qu'il fait en un lieu donné où je voudrais me rendre sur les indicateurs qui devraient me donner un rapport fidèle de la situation du ciel aujourd'hui, je ne reçois que la prévision du temps qu'il aurait dû faire selon les derniers modèles de leurs calculs et presque jamais, sauf par coincidence entre les deux, le temps réel.

J'ai peur que le journalisme d'information politico-sociale fonctionne sur le même modèle. On me dit rarement "voilà ce qui se passe aujourd'hui", on préfère le plus souvent me faire un portrait préétabli du genre "voilà comment ça devrait se passer" et il est extrêmement rare que la déontologie journalistique vienne ultérieurement rectifier le tir et me dise "on attendait ça et ça s'est produit bien autrement".

Dans le meilleur des cas on me rapporte réellement ce qui était en train de se passer quelques heures ou jours avant et au lieu de profiter de ce décalage pour expliquer la nouveauté, le changement de perspective inévitable, puisque ce qui est prévu n'arrive jamais, on se contente de me faire part, avec force étonnement et en insistant sur la saveur de scoop, yeux écarquillés, d'un fait . . . surprenant, ce qui suppose effectivement qu'on n'a refait aucune analyse, mais surtout que les analyses précédentes étaient fausses et que les modèles utilisés étaient plaqués sur un réel en général inconnu ou méconnu.

Bien sûr on peut avoir l'impression que j'exagère. 

J'en demande peut-être trop à l'information. 

Pourtant non.

Il suffit d'avoir été une fois présent au bon moment sur les lieux d'un événement pour se rendre compte que le pauvre journaliste, y compris l'envoyé spécial, n'est qu'un malheureux parachuté arrivant avec, forcément, il faut qu'il aille vite, sa propre grille d'interprétation, ses images mentales et son scénario déjà monté dans la tête, autant de filtres qui vont brouiller sa vue, même quand il ne fait pas que rapporter de seconde main des témoignages dont chacun sait qu'aucun n'est tout à fait fiable.

Autrement comment en arriverait-on dans plusieurs organes de presse à parler d'enfants massacrés par des rebelles au Congo dans une colonie de vacances quand on sait qu'il n'y avait aucune colonie de vacances au Congo dans cette période-là, et que les enfants ont été massacrés par une bande mafieuse locale parce qu'ils creusaient la terre, sous la coupe d'une autre mafia locale, pour y trouver des diamants bruts.

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