dimanche 6 décembre 2020

Touriste.

 Faut-il le haïr ?

celui qui est supposé faire l'aumône de son intérêt pour ce pays déshérité du bout du monde qu'il parcourt contre vents et marées par tous les moyens, y épandant outre sa curiosité toujours mal informée, tous les maux que l'on sait, dont le moindre n'est pas cette brèche qu'il crée, ouverte à tous les diables par son récit de voyageur, ses images et son pillage de petits fragments pittoresques et transportables dont il pourvoie en avant coureur le marché.

Je me revois, souvenir cuisant, me baladant à 23 ou 24 ans - c'était sans doute mon deuxième voyage à l'extérieur après la Grèce, dans un pays non-immédiatement frontalier du mien - faisant joyeusement, nous grimpions sur les pierres et les gros blocs au bord de la mer, le tour des fortifications d'Hammamet avec le très jeune fils, il devait avoir 9 ou 10 ans, d'une amie tunisienne mariée à un Antillais, interpelé violemment par une femme en très bon français :

- Ce n'est pas bien ce que vous faites-là, Monsieur.

Je la regarde interloqué puis je comprends et lui explique qui est qui et elle ne me croit pas pour autant.

C'est depuis ce moment peut-être que j'ai ajouté à la juste et universelle dépréciation du tourisme où qu'il prenne place et apporte son lot de prostitutions et profanations, la haine de tout ce qui ressemblerait en moi au surgissement de l'esprit touristique, y compris dans l'apparition de cette trop joyeuse curiosité qui naît devant des êtres et des paysages qu'on découvre sans rien en savoir pour la première fois.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire