jeudi 24 août 2023

Abus.

Parfois, je me rends compte à relecture tardive, il y a abus.

Abus de la confiance du lecteur.

Non pas que je mente, tout est presque vrai dans ces récits échantillonnés, dans ces mini-réflexions décousues dans ces témoignages partiels. Je n'enjolive pas. Je ne déforme ni ne détourne de leur teneur réellement vécue ces aventures ponctuelles. Tout au plus ai-je parfois été obligé de changer le contexte pour éviter de mettre en cause, tenants ou aboutissants, des personnes liées à telle action. Tout au plus, ai-je pu avoir tendance à me laisser fasciner par des situations, des personnages, des objets sur lesquels je projetais mes propres fantasmes obsessifs.

Ainsi je me souviens d'avoir peut-être, bien que modérément, et en faisant la part des choses "déliré" aux yeux d'un mien ami à propos d'un village de bord de mer, pour lequel il avait eu la curiosité de quitter l'autoroute pour aller voir ses merveilles de près - alors que je ne lui avais donné aucun conseil en ce sens, seulement apparemment l'envie d'aller y voir - village à l'époque et encore à l'écart, plein de grandes maisons vigneronnes oubliées, endormi sur sa lagune ensablée à côté d'une carrière dominant  l'étang et au loin la mer d'où l'on apercevait un cap fameux, bien réveillé et bourré d' "artistes" en tous genres, vrais ou faux aujourd'hui. Très déçu il avait résumé sa propre impression après visite par :

- Oui, tu ne m'avais pas dit que bof . . . , c'était pas la septième merveille et plein, avec ça, de pavés autobloquants (un truc absolument rédhibitoire si j'ai bien compris, à ses yeux d'esthète informé).

Dans le même ordre d'idée, c'est fou le nombre de gens que j'ai pu influencer à une certaine époque de prosélytisme et qui ont acheté une maison ou un appartement à Perpignan alors qu'ils n'avaient aucune affinité avec ce haut lieu d'hispanité enclavé dans une assez morne plaine, relevée seulement par ses lointains montagneux et se sont parfois plaints ensuite de ne pas trop aimer la ville populeuse et fière, n'y ayant pas comme moi fait ne fixation sur le restreint et incroyable charme de son centre ville (places étroites, briques, marbre, patios, balcons, ruelles, grilles, bornes, arcades, détails baroques des façades, portails cloutés, pleins de ferrures, odeurs d'anchois et d'orchata de chufa mêlées aux senteurs du laurier, statues de Maillol, fraicheur des quais de la Basse, le presque fleuve minuscule et canalisé enserré dans ses plates-bandes fréquentées par les mouettes rieuses, cathédrale Saint Jean, inoubliable Dévot Christ enfermé dans une chapelle adjacente, maisons Art Déco, pénitents, Loge de Mer à girouettes, etc . . .).

 

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