lundi 28 août 2023

Le mot sur la main.


 Hier j'étais à Donostia ou, autrement dit, San Sebastian au pays basque et capitale du Guipuscoa où je me promenais virtuellement pour voir ce que cette superbe ville devenait. En effet, après avoir essayé les plages de Biarritz où chaque jour se repêchaient, assez tôt ou trop tard, un certain nombre de nageurs surpris par la force des vagues, mes parents avaient décidé de passer la frontière pour me faire bénéficier des plages protégées de cette ville proche de la France au nord-ouest de l'Espagne, en forme de conque cachée par une île et deux promontoires.

Eux mêmes ne nageaient pas. Moi pas encore. Je devais avoir sept ans et demi  et à l'époque c'était dans la norme, je n'irais en piscine régulièrement qu'un peu plus tard. Ils avaient dû passer quelques sales moments en me voyant foncer dans les vagues même si ce n'était pas sur la plage dénommée "Chambre d'Amour" où sans aller se faire enfermer dans la grotte par la mer montante selon la légende et de bien réels faits divers répétés, on devait savoir qu'on risquait sa peau dans ces parages où avaient disparu aussi quelques navires. Plus tard j'aurais l'occasion de vérifier le courage des nageurs sauveteurs de ces rivages en me retrouvant emporté par un courant au Sénégal, isolé et perdu sur un récif au large du Cap Skirring et "sauvé" ou du moins "accompagné" par l'un d'eux, en villégiature dans les mêmes lieux.

C'est donc à San Sebastian, autre ville à hauts risques pendant le franquisme et longtemps après, que en vacances dans une pension du centre ville, j'avais pu, peut-être ne le sachant pas mais sur cette plage même aux pieds du palais où avaient été enfermés dans les caves les plus humides des prisonniers voués à la pneumonie puis à la phtisie en guise de condamnation irrémédiable, après avoir appris les mouvements sous l'eau, sans respirer mais en avançant à grandes brasses, j'avais réussi, ô joie ! à émerger, à sortir à moitié la tête et à respirer, donc à nager enfin.

Aujourd'hui j'examine, toujours les hommes ont voulu avoir main sur le hasard, vieille de plus de 2000 ans,  cette petite main de bronze gravée trouvée en Navarre dans des fouilles amorcées en 2008, qui porte entre autres mots celui bien lisible de sorioneku

Amulette, objet porte bonheur sans doute, puisque c'est presque le même mot qu'en langue basque actuelle qui veut dire chance.

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