jeudi 26 avril 2018

C de Cornac, presque un métier. . .

Parmi les tâches qui m'ont occupé une partie de ma vie, il y eut celle de cornac. On appelle cornac dans certains milieux protocolaires celui qui accompagne des visiteurs choisis et en général solitaires ou en petit nombre. Pas toujours facile mais plaisant de sortir des bureaux gris, réunions infinies, dossiers épineux, accueil des quémandeurs, visite et génuflexion devant les autorités locales ou centrales pour rendre compte ou plaider une cause, voyages de pure supervision ou même inspection dans les lointains centres de province dans des pays où l'aviation était encore un peu incertaine, pensum des budgets à équilibrer, spectacles inaboutis et cocktails imposés, discours de convenance et rédactions de dépêches pour demander des crédits.

Cornaquer certains visiteurs de marque souvent incroyablement originaux, créateurs, inattendus, dont on attend quelque chose ou rien est plus amusant et distrayant que la vie courante, même expatrié. J'étais partant le plus souvent.

C'est ainsi que j'ai dû et pu monter à Cuzco dix fois, au Machu Picchu sept, visiter le parc naturel du Djoudj au Sénégal trois ou quatre fois, approcher les rapides du Congo à la courbe du fleuve à Kisangani au moins quatre ou cinq fois et escalader en téléphérique le Pain de Sucre à Rio un nombre incalculable de fois, sans avoir la même lassitude qu'en visitant le musée de la Porcelaine à Limoges dans une vie antérieure.

La seule fois où j'ai renoncé et je ne le regrette pas, c'était pour accompagner des amis véritables, un très petit groupe, dans la haute montagne au temple de Chavin de Huantar au Pérou. Il fallait être précédé d'un convoi militaire pour le faire en passant par une étroite et profonde vallée tenue par les troupes se réclamant du maoïsme et dites par auto-proclamation du Sentier lumineux. Ainsi en aucun  cas n'ai-je été comparable aux éléphantarques d'Hannibal qui, d'une part gouvernèrent seize ou trente-deux éléphants et d'autre part les menèrent parfois, quand ils ne créaient pas devant eux suffisamment de terreur par leur seule apparition, à se battre violemment dans des combats

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