mardi 10 avril 2018

Escaliers sans ascenseurs.

Avoir l'esprit de l'escalier nous permet de regretter ensuite de n'avoir pas eu la répartie assez (bien que mouchetée et prête à un emploi atténué s'il le fallait) vive, ou plus gravement, de ne pas avoir eu l'aptitude à calculer au débotté l'acte salvateur offensif ou de parade qui eut permis au moins d'esquiver l'assaut, fantôme d'acte dont on se prend maintenant à rêver, bien trop tard.

Bas. On peut aussi choir dans un escalier et aller jusqu'à rouler jusqu'en bas de celui de la gare Saint Charles à Marseille, fantasme cinématographique (plus qu'un nu descendant) de chute à la Cuirassé Potenkine.

Cette fameuse image du philosophe "sous" l'escalier (Rembrandt et autres) vaudrait-elle plutôt comme  brumeux ascenseur mystique que comme solide incitation à une réflexion introspective ou renverrait-elle tortueusement à cet esprit de l'escalier qui porte envie, après coup, d'y réfléchir à deux fois et assez fermement pour,  après méditation, y remonter sans tomber ?

Dés avant, plutôt que la spirale, colimaçon de tournis, j'ai toujours aimé d'un bout de ma vie à l'autre ces immenses escaliers promenades, larges et à angles droits où on peut s'asseoir, reprendre haleine, contempler, qu'il faut gravir d'emblée, de bon matin, quand la foule ne les a pas encore envahis, pour les redescendre ensuite, lentement et avec vue, à contre-courant de cette foule qui commence à monter peu à peu dans ces lieux à la beauté si humanisée, encombrés de touts temps par des pèlerins en procession religieusement moutonnière, aux Andes aussi bien qu'aux Jardins de la Fontaine, ou sur ces modestes collines parcourues de sentiers de douaniers et de contrebandiers en bord de Méditerranée.

Et les plus beaux sans contredit restant ceux si durs, rigides et inexplicablement droits, pyramides debout.

. . . . . . . . . . .

Y courir à perdre haleine. S'élancer dans l'escalier.
J'ai toujours aimé m'y précipiter plié en Z.

(Souvenirs de chambre de bonne sans eau ni ascenseur au dernier étage où j'habitais sous les toits.)

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