dimanche 23 janvier 2022

Défaut d'escalier.

 Ce matin je me suis réveillé après avoir été assez surpris de trouver, 

dissimulé derrière un vieux mur en ruines, sur la terrasse formant un beau plateau au sommet, dans cette tour, immeuble en partie troglodyte où je me souvenais être monté par l'extérieur, très périlleusement, escaladant le mur à pic mais plein de trous et bosses de sa façade arrondie en  demi-cercle d'un côté et vaguement triangulée du côté où il rejoignait le roc auquel il était accolé, m'accrochant  sans trop de difficultés, cependant, aux reliefs que formaient les pierres, quelques briques et quelques rochers rouges affleurant, sur une hauteur vertigineuse, en surplomb du paysage fait de marais, 

un ascenseur.

Si j'essaie de distinguer les bribes de souvenirs qui ont été utilisés par cette mystérieuse machine intérieure à imaginer que nous portons tous en nous, en ce sens ni plus ni moins exceptionnels que bien d'autres êtres vivants sauvages ou domestiqués, c'était, cette tour qui n'existe pas, un édifice manifestement construit, mais pas seulement, avec des images et impressions issus de diverses forteresses longuement visitées. Tour du chateau du Suquet dominant le musée archéologique et la baie superbe qui fut celle d'un petit port de pêche où j'ai souvent traîné, tour Carbonnière près de Saint Laurent d'Aigouze,  si singulière dans un paysage plat à perte de vue d'où ont disparu  depuis si longtemps les craintes d'invasion hostiles par terre ou par mer et sans doute aussi d'autres lieux plus difficiles à identifier mais enfouis depuis huit décades dans cette mémoire qui encombre et nourrit mes rêves.

A y réfléchir, rien d'étonnant à la matinale irruption de ce rêve dans ma conscience éveillée. 

Il moque, ce rêve bien loin de la réalité - je ne fais et n'ai jamais fait d'ascension mains nues de monument public - mon absurde nature de trimeur, bosseur capricieux et infatigable. Toujours prêt, et quelquefois au prix d'efforts inattendus, à rêvasser hors sol, à trimarder dans les marges, les blancs, les à côté, les sentiers peu fréquentés. pour y transporter  une quête . . . on dirait aujourd'hui d'improbable, je n'aime pas ce mot, disons de surprises.

Par ailleurs et jusqu'à un âge avancé, encore aujourd'hui parfois, il est vrai que j'ai toujours aimé gravir des collines à marche forcée, prendre l'escalier plutôt que l'ascenseur, couper à la scie et à la hache plutôt qu'à la tronçonneuse. . . . ,  question de bruit de moteur, mais pas seulement, aller à pied plutôt que prendre le bus ou le métro, recopier à la main plutôt que faire un coupé-collé. Ainsi le veut ma nature et mon humeur de forcené. Je me trouve bien dans la rage, l'effort, hors du tout cuit.

Quand les gens s'en aperçoivent . . . ils ont tendance à ne pas comprendre après avoir souri et même à se méfier de moi. Ils ont bien raison ceux qui réagissent ainsi à me fuir. Seuls mes amis, de vrais amis,  soient ils lointains, jamais vus, jamais rencontrés, supporteront cela. Car ce n'est pas seulement une bizarrerie. C'est plutôt un être profond, une sorte de fonctionnement sui generis ou si on préfère me classer parmi les êtres dangereux, un modus operandi.

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