mercredi 19 janvier 2022

Pourquoi.

 Oui pourquoi cette vaine dépense ?

Ecrire, parfois chaque jour et d'autres non, selon la pulsion, la nécessité ? mais de quelle nécessité on parle là ? On se demande un peu.

Rien de grave.

Ni pour publier, ni laisser une trace, ni prétendre dévoiler quoi que ce soit de nouveau. Rien ici d'important, de fondamentalement utile à l'humanité ou à quelque petit groupe aussi restreint qu'il soit.

Même pas ma famille si je n'écris pas sous mon nom de famille.

C'est étrange.

J'écris  c'est très simple pourtant, parce que je l'envisage depuis toujours sous cette forme. 

Toujours s'est présentée à mes yeux cette image d'un homme coupé en deux, lui faisant face, cette autre partie de lui qu'est une feuille blanche ou maintenant qu'ils l'ont en fin de compte inventé, un écran où se projeter en partie,  en morceaux, en matérialisations alphabétiques, en traduction verbale, miroir partiel modifié, recréation fausse, réplique autre.

Ainsi compléter son moi en face à face m'est toujours apparu comme une nécessaire forme de lucidité.

Rien d'objectif ou de scientifique. Rien de psychologique et de projectif. 

Simplement poser devant moi, déposer ce qui se passe et s'est déjà passé dans ce corps ou du moins sur sa trajectoire minuscule. Rendre compte d'un fonctionnement comme d'autres passeront leur vie à peindre une vague ou les changements de couleur du ciel ou de l'océan.

Ne pas laisser dans le vague, le flou, ne pas laisser place à ces vapeurs, à ces spectres, à ces brumes à ces borborygmes.

Souci de la pierre, du paysage, rendre compte des principaux traits du panorama et mettre en forme ce qui est et fut

clair élan, saut, tentative, acte naissant, raisonnement,

impression, sentiment fort,

ne pas laisser ça en bouillie et en compote, en pelote et embrouillamini.

Arriver à inscrire comme d'autres gravent ou dessinent habilement de leurs crayon en main.

Faire une esquisse qui aussi contradictoire, multiple et répandue en recherches diffuses qu'elle ait pu être en vrai, dans l'acte de vie, devienne au moins  ici, sur cette surface nette un rapide croquis.

Non, non, rien d'un testament, d'une sculpture de vanité creuse, juste des petits poèmes crachés.

Des parodies rendant compte d'un élan souvent tronqué ou déçu.

Donner à voir, à percevoir, à qui veut ou voudra.

Pochades à effacer.

Ecritures dont ne resteraient que quelques signes dressés, dont le sens aurait disparu.

Incompréhensibles.

Trêve de vertiges,

accepter de devenir vestiges, os, squelette dur 

et trouver au bout, tant qu'on est en vie, avant ce dénuement, ce dessèchement, ce raclement de peau et de chair, ce désincarnement plutôt que désincarnation, abstrait et générique, ces autres, tant d'autres qui peuvent éventuellement au bout des autres mondes où ils sont eux-mêmes nichés, éventuellement  . . . de mondes lointains répondre, répondre eux aussi de leur existence.


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