vendredi 21 janvier 2022

Photos.

 Les gens qui sont nés un portable à la main, à l'œil ou à l'oreille ne comprendront jamais.

J'étais né à une époque où les gens qui faisaient de la photo, prise de et développement, choix du papier, achat de liquides et d'appareils  d'agrandissement dans un cagibi aménagé à cet effet, n'étaient pas légion.

Mon père, lui, avait commencé avec des photos sur plaques de verre dont il ne reste pratiquement rien, dommage. Ensuite, marié et membre d'une famille tentaculaire et ramifiée il s'est adonné aux photos de famille et nous en a gavés lors de grandes occasions et grandes réunions, à partit de l'existence du super 8 et des diapos. Il était  devenu le cinéaste et l'archiviste des  visages et aptitudes à se laisser capter par l'objectif des cousins, cousines, petits cousins.cousines et membres  multipliés de cette famille franchissant régulièrement les étapes de la vie, naissance, présentation du bébé, baptême, communion, mariage, et reproduction du cycle. 

D'où peut-être, opposition œdipienne classique, maladresse devant les objets techniques de précision et  beaucoup plus tard, sinon rejet du moins éloignement de la famille, de ses rites et cérémonies ou haine du touriste dévastateur et pilleur d'images, un appareil à lunette comme un fusil sur le ventre, et  . . . en fait je ne sais vraiment quelle cause expliquerait le mieux le fait que malgré mes voyages et sujets d'émerveillement, j'ai fait, réussi et gardé peu de photos, du Corcovado, du Pain de Sucre, des danseurs de capoeira, des portraits de Mobutu affichés dans les rues,  des temples maya du Yucatan réenvahis par la forêt, des îles Bahamas  en plongée, ou de Sainte Lucie survolée en bimoteur, du marché Sandaga, des pêcheurs en pirogue de Saint Louis du Sénégal, du lac Rose hypersalé,  des oiseaux du Djoudj, ou des gorilles du Kivu.

De même, ne fétichisant guère que l'image des ou devenues oeuvres d'art, j'examine cette collection réduite, abimée par le temps, la lumière, la chaleur, l'humidité et les transports, de toutes façons sans aucun intérêt artistique, qui me reste, si mal rangée dans deux ou trois albums incomplets et quasiment en vrac dans boîtes et pochettes disparates et rarement datées, n'ayant perdu aucun moment à y mettre de l'ordre, la sachant d'un intérêt limité au simple remonte mémoire  maladroit et minimum de mes pérégrinations et lieux de travail excentrés. de ma patrie en Méditerranée.

Hier donc, pas pour les ranger mais pour y trouver quelques béquilles à mes souvenirs, j'ai fouillé dans le tas.

Rien de nouveau, mais quand même quelques émotions de retrouvailles à partager.


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