mercredi 28 décembre 2022

Bug.

 Que le bug soit un acronyme ou un insecte (punaise par exemple) peu importe, le résultat est là, impuissance, dégout, ça beugue, ça plante et c'est piquant comme une bogue de châtaigne qui ne veut pas s'ouvrir, ça fait mal au bout des doigts mais aussi, aussi bien  hélas qu'au profond de moi.  

Car plus rien ne marche, esprit et corps, à supposer qu'il y ait deux entités vraiment distinctes, paralysie subite sinon pour attaquer notre infinie passivité et patience face aux usures, aux tyrans et aux machines, pour nous faire vivre le découragement maximum face à tous ces virus surgis en même temps du système déjà pourri et gangrené qui se referme sur, huitre récalcitrante à l'écaillage, l'immobile idiotie, l'insurmontable débilité, l'ineptie profonde, la niaiserie figée en rictus, l'incurie congénitale dont nous avions cru sortir avec, par dessus le marché, outre les grossières machines à forer, à transporter, à concasser, à bétonner, à ouvrager le monde, nos puissantes et parfois désobéissantes mécaniques électroniques.

Etait-ce mieux avant ?

Quand ce qui beuguait c'était nous, nous mis à nu, le fonctionnement même de notre administration, les rouages qui n'accrochaient plus dans son fonctionnement hiérarchisé et démultiplié, les grippages, ou quand ça provenait des limites même de la nature humaine parfois aussi bornée que le réflexe répétitif de l'insecte qui remet sans arrêt sa proie au même endroit avant de l'engranger dans sa caverne quand l'observateur intervient en la déplaçant ?

Ou est-ce pire quand c'est au niveau du nuage créé par la grande machine à ordonner, celle qui nous aspire dans cette spirale de faux désirs multipliés et renouvelés, entassés en multiples rideau de leurres sans fin, lointaine et omniprésente, qui enregistre tous mes gestes, mots et pas, un à un, dans les tuyaux, ramifications, lobes et sacs à pustules et pastilles de ces algorithmes tant vitupérés, ou au niveau même des conceptions architectoniques de l'Intelligence Artificielle, I A, ahanement court, blessant, menaçant, devenue venimeuse et hypnotique, serpent, monstre géant, dragon volant, pièges qui nous surplombent et nous capturent dans le vide du ciel, substitués à la Providence dans nos nouvelles religions du tout digital, tout virtuel, tout doit disparaître en tant que tel et passer en moulinette ? (Il m'en souvient de cette cérémonie des papiers réduits en miettes et jetés des fenêtres dans tous les bureaux des buildings en tours et grattes ciels du Nouveau Monde, pour le jour de la Saint Silvestre).

A priori je dirai qu'aujourd'hui tout ce conjugue, se surajoute, se surimprime (défaut d'enroulement de la pellicule et du scénario qui produit l'effacement et le pire : ? ) : 

le Charlot des Temps Modernes reste mitonné de Kafka et de Courteline, raconté, recuit en contrepet par la verve merdique de Louis Ferdinand Céline, emporté jusqu'à l'absurde (que vient faire ce salon Louis XV à la fin dans 2001 Odyssée de l'Espace qui ouvre anticipativement nos espoirs déçus ?), (depuis tant de choses sont passées sur nous, par dessus et nous ont aussi traversés !), recyclé plus tard, beaucoup plus tard, et aujourd'hui en style ensablé, désertique, féodal, de Dunes, en best seller  libidineux à la Où-est-le-bec et banalisé en plus moche encore par le réalisme collectif cra-cra en parti pris du plat qu'on me ressert . . . des Années, vous savez ce "meilleur roman" du nouveau Nobel (je viens vainement d'essayer de le relire, à se flinguer je dis, d'autant que de cette même génération dont on me parle dans ce roman en photos-flash, j'ai vécu tout ça).

Bon tout ça n'a rien à voir, je vous l'accorde, sauf que je trouve que ce bientôt quart de siècle bien entamé manque un peu, pas d'allant, il y va toujours au pire ! mais d'enthousiasme et de raisons d'espérer. IL ressasse. Il achoppe. Il rate. Il n'invente que de nouveaux pièges et nous rejoue ce que nous ne savions que trop déjà. Il beugue méchamment.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire