samedi 17 décembre 2022

Kakapo.

 Il fut un temps où je rêvais de mourir jeune d'une mort romantique, absurde jeunesse, puis vint celui où je m'efforçais de croire que j'arriverais à faire presque aussi bien qu'un herbivore Kakapo. C'est à dire entre 95 et 120 ans de longévité. Aujourd'hui, et de moins en moins, je ne m'avise de me moquer du Kakapo, seul perroquet qui ne vole pas, le plus lourd, le moins monogame, l'un des plus choyés comme espèce protégée en voie de disparition. J'ajouterai l'un des plus grotesques et ridicules parmi ses congénères presque tous si attachants, sauf, autre habitant de Nouvelle Zélande, le vraiment trop diabolique, beaucoup moins lourdingue; presque son opposé, acrobatique et astucieux perroquet de montagne, briseur d'essuie-glaces et saigneur de moutons, le Kéa.

Il est vrai que très illégalement, dans un contexte plus que permissif, je suis déjà tombé amoureux d'une perroquette amazonienne qui ne jurait que par moi et et que j'ai gardée en semi liberté sur les hauteurs pelées de Lima en lui fournissant gite et couvert au lieu de cage, longtemps. Il est vrai que cette affinité avec les oiseaux cons, inquiétants et chieurs pour beaucoup de gens, je la ressens depuis longtemps et je veux qu'on m'enterre avec cette collection de huacos des déserts de Paracas et Nazca, que j'ai réunie parce qu'elle évoque sous diverses formes mi-humaines, mi-poteries, sous une surface où se sculptent et se colorent de courtes plumes, des queue, lyre ou balai, des rémiges, des ailes, culte avéré dans les fameuses lignes et dans les tombes, de ces voyageurs célestes annonciateurs de renaissances, d'orages et de débordements des rivières souterraines.

Fallait-il allez si loin pour prélever ces trésors symboliques alors que le passage ici des simples saisons suffit à ramener de migrations lointaines tout un peuple multiple, prémonitoire, porteur de messages au langage clair, annonciateur de notre avenir collectif et climatique ?


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