lundi 28 octobre 2024

Chance(s) incroyable(s).

Tout n'est que hasard. 

Une sorte de dieu de loterie. 

Nous sommes si nombreux à être éjectés et jetés là dans la machine de tirage au sort qui nous expédie comme des billes dans cette existence aux plans plus ou moins inclinés, au sol chaotique, creusé de vals, percé de pics, piégé, embroussaillé. 

Trajectoires dérisoires.

On peut évidemment y lire un destin (toujours singulier, même celui des plus fortunés, ou celui des plus disgraciés ici-bas, sur cette croute que nous ravageons) si on a en soi (mais qu'est-ce que cet "en soi" ? de quoi est-il fait ? à qui le devons nous ?) parasites forcenés, beaucoup d'espoir, d'optimisme, d'imagination, de foi en son étoile, d'égocentrisme et de crédulité, obsédés du sens comme nous sommes. 

Bref de vitalité exubérante (encore un sacré cadeau!).

Je me souviens de ce proviseur du grand Lycée Daudet de Nîmes, une institution d'éducation et d'architecture, qui avait dû être remplacé après qu'on eut découvert ses crimes pédophiles et dont pris le poste un homme intègre, apprécié de tous et qui eut le mauvais œil de passer sur un tronçon d'autoroute qu'il aurait pu ne pas emprunter. 

Vengeance décalée du hasard. Tueur à gage qui se trompe de cible. C'était un discutable raccourci pour un trajet relativement court, ou qu'il aurait pu notre nouveau proviseur, fort bien emprunter un autre jour. Il périt, assez peu de temps après sa nomination, encastré dans son véhicule même pas à cause d'un chauffard ou d'un camion placé en travers, mais, cause beaucoup plus rare, sorte d'absurde châtiment exemplaire exécuté par erreur, à cause d'un camion passant sur la voie qui enjambait l'autoroute, au-dessus. Sans tomber lui-même, ce camion laissa choir juste en plein sur l'habitacle en mouvement une part de son chargement. Un gros bloc de pierre mal arrimé sur sa benne maudite.

Inversement vivre encore c'est avoir réchappé à tant d'erreurs, d'accidents, d'imprudences, de causes de maladie, de contagions, . . . . de malchances.

La chance majeure qui m'advient aujourd'hui comme chaque jour quand je suis présent ici, je l'ai voulue certes mais elle est le fruit de tant de choix emboîtés et finalement imprévisibles, construits en mettant bout à bout de petits morceaux de circonstances, c'est que je suis, 

vivant encore dans un jardin,

c'est à dire un petit morceau de cette surface de terre qu'il m'appartient de préserver de tout ravage d'herbicides ou pesticides, de tout tronçonnage ou arrachage d'arbre qui ne soit absolument exigé par la sécurité, petit territoire fait de grandes hauteurs de végétation et de buissons et de haies où niche tout un peuple volant, rampants, courant, nocturne, diurne, chantant et bruissant,

où j'ai ici tant de recoins qu'il ressemble pour moi à un univers resserré (peau de chagrin dérisoire)  en maquette miniature et sauvage, permettant à la maison qu'il accueille de préserver en paix, mas dingue, demeure du repli de mes troupes, désirs exhaussés ou non, toute une histoire mienne, souvenirs et résidus d'amitiés, rencontres, étonnements, éclats, aperçus, lueurs, écoute des nouveaux et lointains amis. 

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