dimanche 27 octobre 2024

I d'Inspiration.

 . . . "insufflation, comme s'introduit l'air dans la poitrine", les anciens reliaient l'inspiration au souffle qui ne pouvait être que divin.

Difficile de dire ce qu'elle est. Plus facile ce qu'elle n'est pas. Quand on n'est pas inspiré, chacun voit ce que ça donne : un flop. Les choses qui auraient pu bien partir après un bon démarrage, un joli bruit sans raclement ou crissement de raté, s'affalent au sol, très platement au lieu de décoller. Comme un ballon qui se dégonfle. Comme un saut qui fait plus qu'accrocher la barre, qui passe ridiculement, sans même la toucher . . . en dessous. Comme une pub qui tombe à côté, une astuce que personne ne comprend, une mesure faussement astucieuse qui se retourne contre le spéculateur. un impôt qui mécontente la majorité des citoyens et ne rapporte rien. Un trou percé dans les fortifications de l'ennemi par où sort cet ennemi qui s'y attendait et vous massacre.

Mais alors être inspiré c'est quoi ?

C'est en effet une pure question de souffle. Quand on cherche et travaille, non pas dans l'angoisse mais dans l'espoir de trouver et d'aboutir, tendu et à l'écoute, concentré au maximum, le souffle se bloque, le corps se raidit, manque de souplesse et d'équilibre, le trébuchement n'est pas loin mais c'est alors que parfois il arrive que comme au sortir d'un rêve agréable (c'est en effet assez rare) ou d'un bon sommeil (certains le cherchent en vain), le corps se détende brusquement ou plutôt, beaucoup mieux, lentement d'un coup en douceur, l'idée apparaît, la perspective se dévoile, fantomatique, à peine dessinée, on respire enfin, tout ce détend, il ne reste qu'à cueillir le fruit, à laisser apparaître et accoucher la forme qui pourra, devra être travaillée pour satisfaire les exigences.

Mais alors d'où vient ce souffle, cette respiration ?

Quant-à moi je répondrai : d'un travail du corps, des cellules, des tissus, des molécules, des synapses. Un travail qui s'est poursuivi en arrière plan dans la chair. L'intellect, les anciens l'avaient bien noté, exige une dépense physique d'énergie. Une combustion. Le cerveau est un muscle comme les autres et dépend de la cage thoracique et du cœur, des mouvements du plexus et des pectoraux, de la tension des cuisses et de la nuque. L'inspiration c'est comme travailler dans une mêlée au rugby et sentir tout à coup, solidairement, que le mouvement se met en place et que la tension se résorbe en avancée. Que l'ovale de la balle sortira du bon côté.

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