vendredi 25 octobre 2024

D de diplomates de carrière.

Parmi eux, . . . à tout seigneur . . . avec trompettes et clairons, les Ambassadeurs avec A majuscule au moins sinon blason. Autant de types divers que d'individus. Seule constante relevant semble-t-il de la simple volonté d'avoir voulu être un jour ambassadeur : un orgueil démesuré ayant pour conséquence l'ambition de mettre choses, gens, êtres vivants ou pensants et singulièrement collaborateurs et familiers à sa botte.

Je ne reviendrai pas sur celui qui avait peur des ascenseurs (ou du moins d'y rester enfermé au pire moment) pour une très bonne raison due à sa propre admiration et dévotion pour un très grand Président. 

Rêvait-il à son tour d'être cet homme providentiel que le hasard des nominations avait mis dans un pays alors ami de très longue date, où il exerçait un certain pouvoir et même un pouvoir certain en jouant les négociateurs sur place de l'influence historique et coloniale, pas encore face à la Chine tant que devant les ambitions russes manifestées par la présence de tant de bateaux de pêche (déguisés en) des informations, stationnés devant le port de la capitale et déployant semble-t-il des antennes indiscrètes à des fins d'espionnage des desseins de notre pays sur ce petit coin d'Afrique d'où étaient partis en même temps que des bateaux d'esclaves, des cahiers de doléance pendant la Révolution Française ?

Sa tâche qu'il évaluait urgente et au plus haut de l'importance stratégique, le contraignait à convoquer ses subordonnés certains week-end exceptionnels mais fréquents, hors ambassade, dans sa résidence, avec sur leurs genoux nus (après génuflexion morale, ça va sans dire et en accourant à l'invitation en tenue de bain recommandée, voire obligatoire autour de la piscine), les  lourds dossiers supposés tous brûlants, en cours.

Alors que bien entendu, comme de juste, nous ne faisions tous que mettre en forme et rapporter (c'était le but de ces réunions aboutissant à des dépêches soigneusement cryptées avant d'être transmises, en termes choisis à Paris, ce que nos chefs de cabinets et ministres savaient déjà sans doute par compte rendu direct de certains d'entre nous, voués à court-circuiter la voie officielle par précaution élémentaire et organisation de nos services de renseignements, quand ce n'était par les rumeurs échappés des autre ambassades ou plus simplement les rapports déjà publiés des correspondants de presse, éparpillés dans la capitale.

Ce dernier, non exempt de manies risibles, comme celle de vouloir être sans arrêt, même hors travail, entouré d'un aréopage courtisan prêt à l'écouter, était honorable et sinon admirable presque charmant.

En revanche il en était d'autres bien pires.

Comme celui qui profitait de sa voiture de fonction blindée, aux vitres opaques et pourvue d'un système de communication phonique avec l'extérieur pour haranguer les petites minettes se promenant seules, sans qu'on puisse voir sa figure.

Ou ce premier conseiller qui voyant que le chauffeur n'avait pas pris la voie habituelle, la plus fréquentée, pour regagner son domicile, le fit régresser afin de la parcourir triomphalement tous fanions officiels de son pays au vent, lors d'une absence de son Supérieur qu'il remplaçait très provisoirement. 

Le pire n'est pas là bien sûr.

L'inattendu dans une organisation à l'écoute des moindres bruits du monde en perpétuelle évolution ou ébullition était ce décalage historico-sociologique entre l'extrême importance, il est vrai, d'avoir des écoutes professionnelles exercées aux points stratégiques où se joue il est vrai notre histoire présente, et cette caricature, cette parodie, cette pantalonnade à laquelle se livraient parfois, des protagonistes d'opérette légère, imitant de façon grotesque la hiérarchie médiévale avec toutes ses cascades de cérémonies et d'apparat d'une époque où l'ambassadeur envoyé en mission par le souverain lui-même devait lui rendre compte directement de ses informations qu'il avait captées et des manœuvres habiles et souvent perfides qu'il avait personnellement pu mettre en branle. 

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