J'étais en train de peler une pomme d'une seule venue avec mon couteau le plus tranchant et la peau spiralée à formé dans l'assiette exactement ça : bio & Co.
Mais le tout n'est pas de vivre bien que ce soit premier. L'essentiel serait ; ; ;
de faire plus que vivre, de . . . se dédoubler (ce que nous faisons tous) mais pas par autolâtrie, par tentative et application d'extrême lucidité ou de simple auto-dérision critique. Tout au long de sa vie, se voir, se situer, se recadrer. De ce mécontentement constant, de cet inachèvement, de ce regard de l'autre réel ou imaginé, nait l'écriture, peut naître l'autobiographie ou l'aptitude à essayer la place de l'autre, sa vision extérieure à la mienne. Ecrire serait porter un miroir en traversant le monde a-t-on pu dire à peu près, dédoublement, reflet, promener une chambre noire, mimesis, parodie, dessin, caricature, portrait.
Mais pour raconter il faut avoir vécu. Je dirai être proche de la fin. Oui c'est plus légitime. Non pas c'est moi, regardez ! voyez ce que j'ai déjà fait et vécu dans ma prime jeunesse, ou à trente ans à peine, mais au contraire, il se trouve que je vais disparaître et je laisse tout juste une griffure dans l'écorce, seulement ça, un caillou sur mon chemin, un poteau de couleur, un graffiti de mur de prison, une petite sculpture de table, taillée dans le bois, sans prétention, déjà blanchie par son séjour de flottaison sur les ondes et les colères de la mer, car je ne suis que ça, ce naufrager perdu tournant en orbite ou accroché à son radeau, à son île déserte, ce prisonnier, cet adolescent, ce petit poucet, ce vagabond des forêts.
Mais encore, non retiré, vivre encore. Et quels que soient les soubresauts et ruptures et bouleversements autour, ne pas lâcher . . . ne pas renoncer . . .
Sinon il n'y a pas plus d'histoire que de champ déjà ouvert devant le laboureur. L'histoire peut à chaque instant encore basculer. Finir. Reprendre. Bifurquer. S'enliser. Rester inachevée ou traverser encore une baie, un méandre, un pont suspendu.
Il faut attendre.
Si je n'ai pas plus écrit c'est que j'ai privilégié la vie. Le vécu. Je n'avais pas d'ailleurs aussi fort cette envie de raconter. Je voulais construire, explorer et éprouver. Peut-être jouer un rôle. Que de fois ai-je eu cette impression de jouer un rôle ?
Et aussi vivre le grand amour.
Oui tout ça.
Dévoiler, rencontrer. Avoir plusieurs vies. Simplement chercher comme plaisir pur.
Essayer de comprendre. Le plus difficile et improbable.
Si aujourd'hui j'écris sur un écran transparent au vu de tous, c'est encore pour continuer à vivre. Pour essayer encore de percer des secrets. Je n'ai pas dit le grand secret. De petits bouts. Elucider. Fragmenter les mystères et en résoudre quelques uns. Cette fois avec le recul et toujours pas d'indifférence.
N'étant plus apte aux grands départs, aux grandes aventures mais cherchant toujours l'inconnu.
M'inscrire sans maillot numéroté, sans sponsor, comme un coureur solitaire, heureux de participer, dans ce grand marathon, coudoyer ces milliers, millions, milliard bientôt de blogueurs déjantés, courant on ne sait où.
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