samedi 16 janvier 2021

Allongé dans le cercueil peut être un incipit.

Un ami Facebook vient de raconter l'histoire vraie d'une famille qui à Béziers, il y a un certain temps, avait eu la surprise de voir au funérarium, à la place de SON mort, un AUTRE cadavre . . . revêtu des vêtements du mort chéri prévus pour la cérémonie . . . par cette famille non seulement éplorée mais pour le coup un peu secouée. L'affaire s'expliquant par une confusion de deux décédés non seulement concomitants mais homonymes. Un peu comme dans les maternités où il arrive, paraît-il, qu'on vous échange involontairement les bébés d'une famille à l'autre (du moins d'après ce qu'on peut en voir parfois dans les séries télévisées qui adorent et cultivent au moins autant ce genre de passe-passe que les affaires de jumeaux indiscernables . . . pour ne pas parler de celles des amnésiques hyperactifs).

Du coup j'avais commenté : 

-   est-ce tellement important ? 

Ce qui risquait d'être mal interprété et le fut, de telle sorte que me voilà contraint d'expliquer en ajoutant :

- pour le mort une fois mort . . .

C'est vrai que là encore, les polars nous ont accoutumés aux substitutions de cadavres. Mais cela va totalement à l'encontre et du respect des morts et de notre coutume de les honorer avec application et ferveur dans les soins apportés à la conservation de leur dépouille identifiée si possible. Pourtant . . .


Pourtant, si me voilà enfermé dans une caisse en bois vaguement trapézoïdale pour laisser place à mes coudes (et aux autres qui se multiplient à l'extérieur), et comment ne le serai-je pas, un jour, sans aucun doute, il me semble que je ne m'en soucierai que si on m'y met encore vif. Respirant peut-être ou non par un trou. Comme ce fut la crainte, d'être enterré vivant par erreur de diagnostic (ou terrible vengeance) pour beaucoup de gens jusqu' à une époque récente (bien des hommes célèbres, dont Washington ou Chopin, au détour de leur testament ou de leur correspondance, faute de critères médicaux suffisants, ont exigé plusieurs jours de sursis avant d'être inhumés) et comme cela a pu donner du grain à moudre à tant de poètes, conteurs, cinéastes et aussi inventeurs y compris ceux qui dénommèrent pour la première fois "croque morts" les héritiers modernes des embaumeurs, habilités à "y croquer" pour vérifier, de par leur fonction, l'authenticité dernière du décès.

Du coup quant à moi, me voilà saisi des images de ce film hollandais dont je ne retrouve pas la trace, vu à Lima, qui prenait pour cadre la place de la cathédrale, dite aussi place aux Herbes, à Nîmes, où le protagoniste criminel, avant d'enfermer vivantes ses victimes dans des cercueils qu'il enterrait - on voyait assez longuement les malheureuses enfermées dans leur boîte, la caméra les accompagnant sous terre dans le noir - se jette, on ne sait trop pourquoi, sinon sans doute pour commettre une sorte d'exploit et attirer l'attention sur lui, se jette donc en effet du haut d'un vieux balcon à ferronnerie qui existe encore bel et bien sur la place, du côté de la rue des Lombards, au-dessus d'une actuelle pharmacie.

Diable, ce vieux fantasme est donc bien toujours incrusté dans nos circonvolutions. 

Serait-ce la raison, pour le conjurer, de mon choix de vivre, semi-enterré, au moins par moments de pure fantaisie ou fiction narrative, sous la Maison carrée ?


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