mardi 12 janvier 2021

Esprit faux.

 Certains vont tout de suite nier que ça existe. Et je ne prétends m'enfoncer ni dans l'essentialisme, ni  dans un renforcement des discriminations existantes, ni dans une justification d'un quelconque "racisme de l'intelligence" pour reprendre un terme de Bourdieu. Alors reprenons.

Dans son Dictionnaire philosophique, Voltaire en a fait un article relativement long dans lequel il prend l'exemple de Newton :

"Les plus grands génies peuvent avoir l'esprit faux sur un principe qu'ils ont reçu sans examen".

Et de citer les prophéties de ce grand génie qui situait l'Apocalypse, se fondant sur des commentaires du texte biblique . . .  en 2060.


Outre le fait que j'espère vivement que ce très grand savant aura eu tort sur ce point, je dirai que Voltaire dans sa définition reprenait une longue tradition qui remonte à Homère ou Hésiode en passant par Montaigne ou Pascal.
La question, précisément en cette longue période de crise sanitaire où nous sommes plongés indéfiniment et déjà depuis un an, se pose plus que jamais. 
A lire l'argumentaire péremptoire, diversement documenté, fondé sur des observation qui se voudraient générales, sur des calculs de létalité et sur des options qui se prétendent éthiques, soutenu par des penseurs, se donnant au moins comme tels, parfois par des praticiens et des chercheurs, forts de leurs domaines respectifs, on pourrait se demander si ce qu'on a qualifié de "complotisme" n'est pas tout simplement une incapacité à évaluer un événement mondial nouveau et ses conséquences. N'est pas finalement le pur produit d'esprits capables d'un travail remarquable dans certains domaines mais radicalement faux quand il s'agit d'avoir une vision d'ensemble un tant soit peu fondée sur autre chose que des préjugés 
et un tant soit peu éclairée.

Tant qu'à avoir recours aux plus grands savants de notre histoire, on pourrait évoquer Galilée qui durant toute sa vie, outre sa remise en cause de Ptolémée et sa mise en place de notre nouvelle vision du système solaire, outre ses mesures sur la chute des corps pratiquées dans sa ville natale du haut de la Tour de Pise (on aime à imaginer la scène des balles de plomb et de plume jetées de là-haut quand on visite ce spectaculaire monument) avant d'utiliser un plan incliné, ancêtre du laboratoire du physicien moderne, pratiqua, peut-être pour des raisons de pli de son esprit, d'éducation et de recherche (il avait suivi une assez longue formation de médecin, à une époque où l'astrologie participait à la recherche de la guérison du malade) , peut-être pour des raisons plus intéressées, il aurait eu toute sa vie des dettes à payer, calcula des horoscopes qu'il faisait payer fort cher.


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