jeudi 21 janvier 2021

(L') Essentiel. . .

. . . était maintenant de garder le cap tout en changeant de vitesse de croisière. Il y avait eu cette période (longue) d'oisiveté et d'incrédulité, de dépenses d'énergie un peu désordonnée, de tentatives de loisirs ou de sports qui ne me convenaient pas au fond, ça me prenait trop de temps inutilement, de voyages, de découvertes de parties proches du monde que j'avais volontairement laissées de côté pour plus tard. Il s'agissait maintenant de retrouver de la force dans la progression après cette période où j'étais allé un peu au-delà de ces forces qui ne sont pas illimitées et qu'on perd un peu chaque jour, en oubliant la prudence et la modération. Un long voyage au Maroc jusqu'au désert. Puis presque une envie de nous établir à Tanger. Une découverte de Djerba et du sud Tunisien à la frontière libyenne. Un renouveau de passion pour l'Italie, la Toscane et les ruines étrusques. Ne plus être contraint de travailler pour gagner ma croute, plus de cours, plus de recherches commandées et forcées, plus de passages à Paris pour faire la tournée des bureaux, plus de "fonctions d'autorité", plus de voyages au long cours ou de vols courts et hasardeux vers les centres de province dans des pays chaotiques, . . . plus de discours pour les ambassadeurs, plus de dîners protocolaires, plus de travaux à évaluer, plus de messages à interpréter ou rédiger, plus de budgets à établir et à faire valider, plus de programme de saison théâtrale, d'expositions, ETC . . . . ouf, c'était presque trop beau cette encore nouvelle renaissance.

L'essentiel maintenant où je n'avais plus autant d'endurance mais autant d'enthousiasme était de choisir la route et de la tracer ferme aussi loin que ce pourrait, cela n'excluant d'ailleurs aucune bifurcation, la venue de chaque jour étant toujours autant une parfaite surprise et parfois une fausse piste ou une nouvelle joie ou un retour aux plus vieilles passions oubliées : Pierre-Jean Jouve, Jacques Dupin, Joan Cabral de Melo Neto, Alejo Carpentier, Miguel-Angel Asturias, Rafael Alberti et bien d'autres dans le plus grand désordre. Sans parler des fondamentaux que je relis rarement mais parfois. Bref ceux qu'ont lit et qui emportent tout quoi qu'ils disent par la musicalité et l'intelligence profonde et à fleur de peau de leur écriture; et ainsi reprendre des forces, respirer, calmer les spasmes, les tics, la non maîtrise et peut-être les tensions, les douleurs, les erreurs de postures, déchirures, crampes, de cet ensemble humeur-synesthésie du corps et de ce flux qui l'habite; et aussi, justement, par un exercice modéré, constant, mesuré mais aussi puissant que possible, comme par exemple en marchant loin ou en coupant des buches, reprendre malgré un peu de faiblesse, la force de son corps.


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