vendredi 15 janvier 2021

Drames.

 Cette période nous avait marqués alors que bien d'autres avaient été sur un plan global, sur le plan des dangers encourus, beaucoup plus dramatique; Il y avait d'abord eu cet attaché militaire qui tout juste arrivé s'était mis à courir le long du fleuve de bon matin, dans la chaleur déjà lourde et humide en cette saison où fleurissaient les flamboyants, et qui, étant donné le climat dans son ensemble, son peu d'accoutumance, il venait d'un poste en climat plutôt froid, avait été retrouvé mort à la suite d'un arrêt cardiaque au bord de la route. Il y avait eu ensuite ce jeune chef d'escale qui, amant de la jeune encore et très belle femme d'un puissant chef de mission avait été trouvé noyé dans la piscine de sa villa alors qu'il était sportif, en forme et nageait parfaitement, et qui sans qu'aucune enquête n'ait été approfondie par la police locale, avait été déclaré en dépression et mort par suicide. Inutile de dire que les deux enterrements au petit carré des expatriés dans le grand cimetière de la capitale avait donné lieu à de bien tristes racontars et ragots. C'est dans cette ambiance que l'un de mes adjoints avait été sauvé de justesse, rapatrié à l'hôpital du Val de Grâce après avoir eu les symptômes graves d'une dysenterie tropicale impossible à identifier et à stopper sur place dans le gigantesque hôpital où les malades encombraient les couloirs dans des lits de fortune entourés de leur famille et où les rares médicaments disparaissaient pour être immédiatement revendus au marché noir et que

par surcroît, on nous avait prévenus par radio qu'un animateur culturel, dans un poste éloigné de  plus de deux-mille kilomètres, venait d'être mordu par un chien suspecté d'avoir la rage.

Message :

"Le cerveau du chien suit ce message et arrive par avion et acte bénévole du pilote, pour être conservé au réfrigérateur  et envoyé d'urgence par valise diplomatique, pour analyse, à Paris." 

Quand on pense aux délires et aux fantasmes des gens sur ce qui circule incognito par Valise on ne peut qu'être déçu. Le fait est que j'ai dû garder ce cerveau de chien dans une boîte en carton à côté de mes victuailles (c'était un pays où il était prudent de faire beaucoup de provisions) pendant plusieurs nombreuses heures en attendant le moment de le livrer à l'autre pilote bénévole qui partait en France.

Bien sûr tout le monde, proche ou lointain, s'est remis de ça, sauf les intéressés disparus, mais je parle de leur entourage, et le chien s'est révélé non rabique, heureusement, dans le cas contraire il eut été un peu difficile de sauver l'animateur mordu et de contrôler la situation. Ainsi donc les drames se transforment facilement en histoires à raconter qui pourraient elles-mêmes devenir la trame et le nœud de récits plus longs.


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