dimanche 17 janvier 2021

Néo Narco.


C'est vrai la plupart des groupes armés successifs dans le Tiers Monde, là où la Révolution aurait pu avoir un sens, quand elle prenait fait et cause pour les bafoués, méprisés, surexploités, maintenus en état de sous-humanité depuis la colonisation, déclarant la guerre à l'Occident pourri et dans le deuxième cas,  pour le pourrir plus de l'intérieur, sont devenus des dictatures réussies ou ont sombré dans le narcotrafic fournisseur d'armes.

C'est évident, la consommation de drogue réservée aux cérémonies religieuses dans les sociétés archaïques et en Occidentalisée industrialisé aux "élites" déliquescentes, était limitée.  Elle a explosé et a gagné le moindre recoin, la moindre banlieue misérable du monde au point d'acheter tout à commencer par les démocraties fragiles quant aux autres, le coût de leurs campagnes y suffit.

Violemment s'empoisonne qui voudra. Voit le monde au travers de brumes et prismes déformants qui voudra. Le perçoive de façon accélérée et chaotique, plus qu'il n'est encore qui voudra.

Après tout l'alcool remplissait déjà ce rôle et les asiles aussi, un peu partout y compris chez nous.

Mais il y a un nouveau statut du narco.

Un jour j'ai vu arriver dans mon bureau, après l'intervention d'un assez connu chercheur en pédagogie qui malgré ses faibles pouvoirs avait fait un tabac (non je ne suis pas fana de pédagogie et si je l'avais programmé c'était pour satisfaire une demande de mes interlocuteurs), un type aimable envoyé comme intermédiaire par les services nationaux locaux, chargés de l'approvisionnement et de la logistique des établissements scolaires et universités. Il arrivait souriant avec un vague projet nécessitant absolument un coûteux et très encombrant matériel de reprographie et de projection qu'il s'agissait de faire entrer puis sortir du pays. Un énorme appareillage qui avait été exposé avec beaucoup de difficultés sur des stands de nouveautés. Il aurait fallu lui en faciliter l'achat ou au moins le prêt et l'entrée en douane dans son propre pays où ces opérations étaient cauchemardesques. Peut-être n'était-ce guère à moi d'en juger, mais j'avais du mal à saisir l'intérêt de cette opération jusqu'à ce que je comprenne qu'il avait besoin d'une entrée officielle étrangère et protégée, non pour l'usage qui n'était que prétexte mais pour y inclure en toute tranquillité, il y avait entre autres un très gros cylindre qui aurait pu être rempli de ce qu'on voulait . . . diverses substances, tant au voyage aller (certains produits de laboratoire faisaient cruellement défaut) qu'au retour. 

On va me dire que j'extrapole, que je délire . . . . 

ayant déjà voyagé faute de mieux, dans un avion rempli seulement de quelques sacs de café par des producteurs qui déclaraient ceux-là officiellement et faisaient sortir clandestinement le gros de leur production par d'autres frontières, je m'attendais à tout, donc . . .

peut-être pas si l'on considère que pour l'occasion, si je rentrai dans la combine, à la deuxième visite insistante que j'acceptai, je l'avoue par curiosité, pour voir ce qu'il allait dévoiler, jusqu'où il oserait aller, il m'a proposé, en pleine propriété, précisément des champs de café au nord du pays, dans une zone peu contrôlée, en cadeau.

Parfois quand je déguste un moka, un café du Brésil ou de Colombie ou d'Ethiopie ou du Harare, je songe à ce mystérieux et imposant cylindre.


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