lundi 14 juillet 2025

Tigre (une approche du).

 Plus modestement que d'autres mes tigres . . . minuscules. Vous allez voir sont assez terribles quand même mais attention, attendez un peu. . .(car mon Internet par ondes hertziennes, ici, pour l'instant est trop aléatoire pour en parler et le vent souffle, une Tramontane déchaînée qui fait du bleu sombre sur la mer creusée et ridée) . . .

lundi 30 juin 2025

Surprise. Entre "10 chevaux" et "Encore quelques oiseaux".

 . . . . . "mots et images dans l'apocalypse" lit -on en sous-titre de la revue Le Portillon.

 Une revue . . . . , quelle histoire ! . . . où pour ma part, bien extérieur à tous ces efforts pour soutenir la publication, et je ne sais par quelles rencontres inespérées, après une longue vie baladeuse sinon aventureuse


et quelques divagations comme espion fondateur de l'amicale mondiale des agents secrets d'obédience francophone, puis comme chercheur nomade qualifié et enfin, rebondi en touche ou tremplin, dans le coin des lecteurs discutailleurs, batailleurs et prolixes du Nouvel Obs, j'étais admis aux côtés de ces vedettes que sont devenus des gens singuliers et rares du type (ou aussi bien de types tout autres !) par exemple François Matton, dessinateur, ascète, poète, écrivain, gourou non manipulateur, sage et fou unique, puis enfin sur Marsam cet atelier international de bande dessinée, moi arrêté depuis si longtemps, perché sur un pied, à Bibi Fricotin. 

Vingt-cinq ou trente ans me séparaient de ces protagonistes pas encore nés en 68 qui pour moi est une date clé, ou qui étaient plongés dans des univers presque incompatibles avec le mien, de modernité, de spécialisations pointues autant que de cultures universelles que j'ignorais, moi, infiltré pseudo saltimbanque accompagnateur.

Et là quelques années après, et après une conversation avec Alain François, le meneur de jeu le plus modeste que j'ai jamais rencontré, qu'il soit d'Angoulême officiellement ou en free lance, ou d'ailleurs, voilà qu'apparaît entre les chevaux de l'apocalypse de Céline au terrible regard prophétique capteur de nos terrifiques peurs, obsessions et maladies, et ce texte peut-être sans folie apparente, plus encore terrifique de banal constat,  de l'encore de retour dans nos voisinages peu tranquilles, Alain François, auteur, chercheur, graphiste, metteur en scène, photographe, portraitiste, critique, blogueur, théoricien de cet avenir qui nous attend et qu'il essaie déjà de capter ou de comprendre.

Merci à eux, me voilà donc pris en sandwich, avec mon petit texte de nageur perdu, entre sublimes chevaux fous et hyménoptères par essence vainqueurs de l'humanité.

Allez-y voir   .  . comme je vous disais du temps du Nouvel Obs, au coin du Net : revue.leportillon.eu, mots et images dans l'apocalypse.

mardi 24 juin 2025

Eponge (jeter l').

Peut-être arrêter de combattre. Contempler.

La force suprême serait de rester impassible.


Et bien sûr être heureux.

Chimère ? De quel côté se trouve l'illusion ?

Informatique.

 Moi j'étais plutôt pour.

Mais quand je vois le fiasco de l'administration française qui a démantelé son maillage plus ou moins accueillant mais existant en personnel humain, présent dans les guichets et les bureaux, bien évidemment incapable dans ses résidus, le plus souvent, de bricoler les grosses failles d'un système mal conçu, je ne me dis pas qu'avant c'était mieux, c'était déjà à la fois kafkaïen et courtelinesque comme chacun sait, mais de plus en plus déferle, surajoutée, une autre catastrophe. La catastrophe informatique.

Au système en place , imparfait, contradictoire, lacunaire s'est peu à peu substitué un autre système dit virtuel, nous sommes bien d'accord.

Plus de tickets, plus de sacs même pas en papier, plus de factures, plus d'êtres de chair et de matière dure ou molle mais tangible, que des virtualités, c'est à dire des symboles-ersatz, des  chiffres, des mesures, des statistiques, des bilans, des rapports des comptes-rendus qui s'en vont grossir les bacs, les réservoirs instables de très grosses machines dans lesquelles nous ne pénétrons que par petites fenêtres étroites et grillagées, par mots de passe et labyrinthe superposés et incompréhensibles, pour saisir des bribes impossibles à étaler, à comparer, à contrôler à moins de les (travail gigantesque en vrac et en désordre) de les rematérialiser, imprimer et remettre côte à côte, vraiment là, pas susceptibles de disparaître d'un mis clic et de devenir introuvables, archivés par des forces et des intelligences non pas supérieures mais bornées et butées.

Ainsi une chappe fluide ramifiée, gluante, recouvre peu à peu le monde accessible qui à vrai dire existe encore et, la preuve, continue à nous faire des ennuis, forts, réels, douloureux, mais ce qui est nouveau c'est que cette couche transparente coulant comme un sirop visqueux, nous empêche de saisir les choses par le manche et nous colle tantôt au plancher tantôt au plafond de nos cases en forme de cubes où nous voilà nous-mêmes empégués (du provençal et de l'occitan tantôt au sens de collé, englué ou carrément ivre).


Trous d'ombre.

 Cet encadrement de ma fenêtre qui délimite des dégradés de vert essentiellement, avec au sol la perspective d'un sentier dallé de pierres inégales et vers le ciel des branches basses tendues comme des bras, aussi connu et rebattu soit-il à mes yeux, comporte des trous, des trous d'ombre spécialement. C'est dans ces trous d'ombre que se passent des combats d'oiseaux entre eux, des combats d'oiseaux et d'écureuils, des disparitions de bourdons et de libellules. 

Ce monde minuscule où copulent des punaises vertes et s'enivrent des papillons est pour moi, à mon échelle de plus en plus réduite, une galaxie.

lundi 23 juin 2025

Vingt-troisième (suite).


Comment a pu réapparaître ce bout de papier avec photo d'une oeuvre monumentale que je n'ai jamais vue ?

C'est simple : enfoui dans un paquet d'images qui n'avaient rien à voir. Et si je ne me souviens pas d'avoir vu cette sculpture étonnante c'est qu'elle ne fait que figurer comme illustration sur le billet d'entrée d'un site archéologique que j'ai eu l'occasion de visiter. Je garde ces documents, je viens d'en parler, comme marque-pages de mes lectures. Et elle ne figure sur ce billet d'entrée, mis de côté parmi d'autres, que comme image iconique générale des sites, de tous les sites mexicains dépendant du conservatoire archéologique national. Voilà pour l'occurrence.

Revenons à l'essentiel : qui est de savoir qui est vraiment celle que je n'ai jamais vue, cette Coatilicue, déesse ici présentée et photographiée dans toute sa majesté de pierre monolithique, un seul bloc de douze tonnes, deux mètres cinquante de hauteur, aussi profonde que large et décapitée, me dit-on après un brève recherche.

Surprise et sacré morceau.

Cette statue effrayante, bardée de mains coupées, de crânes, de serpents, de cœurs arrachés, de griffes, a une histoire post-colombienne bien documentée et aussi, bien sûr pré-colombienne, mal documentée sinon par sa place dans la mythologie aztèque. Cette déesse mère archaïque, mère du soleil, mère d'une fille dont la tête coupée devint lune,  découverte en aplanissant la place centrale de Mexico, outre sa vie tumultueuse et tragique de mère immaculée mais calomniée de 400 enfants (!) qui voulurent la tuer et que finalement elle tua, a cette particularité, peut-être en tant que maîtresse de la terre, de la mort et de la renaissance, d'avoir été enterrée et déterrée plusieurs fois. Mais ce n'est pas tout.

Découverte en 1790 par un astronome (elle est depuis devenue aussi, pour certains astrophysiciens, le nom d'une supposée étoile géante explosée et devenue mère du soleil et de notre monde), à la place de ce qui deviendra la cathédrale de Mexico, elle fut, par crainte de sa laideur et de sa puissance, aussitôt réenterrée. Effrayante elle l'est cette archi-grand mère mythique, tellurique, énorme, surdimensionnée, mais surtout, aussitôt déterrée elle avait le pouvoir d'attirer à nouveau les descendants de ses petits enfants, finalement peu convaincus de christianisme plus de 300 ans après leur évangélisation. 

Le 5 septembre 1803 elle fut redéterrée pour le bon plaisir de Humboldt, alors de passage, qui la qualifia d'idole colossale, puis aussitôt réenterrée.

En 1823 on la re-redéterre pour en faire un moulage envoyé à Londres. puis on la réenterre encore, apparemment toujours pour les mêmes raisons.

Enfin, depuis 1964 elle a trouvé place au musée anthropologique de Mexico.

Bien digne, en tant qu'intruse, de faire une vingt-troisième lame féminine, mère porteuse de tous les engendrements, pour nous, minuscules et multiples dieux destructeurs de la terre qui avons mission de la régénérer après le passage de nos utopies (arcane 21) puis de nos sinistres folies (arcane 22).

Vingt-troisième.


Quand une préoccupation se fait jour, à la recherche d'une issue, d'une image, d'une référence oubliée ou même simplement de précisions suffisantes sur quelque chose que je sais déjà mais incomplètement, il n'est pas rare que quelque signe de réponse apparaisse.

Quelquefois au contraire, pour des questions cruciales, je n'arrive à rien, rien ne se dessine clairement. C'est l'impasse, coincé au pied du mur lui-même flou, ne servant même pas d'écran de projection de désirs ou de représentations qui devraient l'emporter sur d'autres et m'ouvrir une voie de recherche.

Là . . . . . reprenant de vieux marque-pages, j'en ai des tonnes, lisant 36 trucs à la fois, documents, romans, biographies, etc . . . gardés en paquets, cartes postales achetées pour compléter mes propres photos ou s'y substituer, tickets d'expositions ou de représentations gardés en souvenir pour avoir la date et le lieu exacts, vieux courriers, enveloppes, articles découpés pour ne pas perdre de temps à rechercher des références, bref, mais alors là tout à fait par hasard au milieu d'un petit tas de cartes postales, apparait, surgissement totalement inattendu et bien totalement oublié, un rectangle avec une image , celle d'une étrange sculpture monolithique portant au revers 

Coatlicue, Museo National de Antropologia , Mexico 1991, Consejo nacional para la cultura y las artes, Instituto Nacional de Antropologia e Historia

avec un tampon tronqué :

Zona arqueologica de . . . /

dimanche 22 juin 2025

Volonté.

Cependant qu'on n'aille pas imaginer que j'ai fait de ma vie ce que je voulais.

Partout il m'a semblé que je m'accrochais assez vite, cependant, à des rêves à des "plans" que j'essayait au fil des rencontres de concrétiser. Ce côté passionné ou forcené si on préfère m'a valu bien des déboires et peu de compréhension ou encore moins de reconnaissance, sauf de quelques rares. 

Banal constat de tout entraîneur ou agitateur.

Mais c'est aujourd'hui ce qui fait que non seulement je ne regrette rien mais que je commence, beaucoup mieux avec le recul, à comprendre ce qui se dégage de ces trajectoires forcément tronquées, de ces essais avec peu de repentirs, contenant beaucoup d'obscurs désirs qui enfin s'éclairent.


Efficacité (l') . . .

 . . . dépend de plus en plus d'une technologie sophistiquée et puissante n'appartenant qu'aux plus riches mais dépend en premier lieu de l'aptitude à prendre rapidement la bonne décision à court ou long terme, la plus adaptée aux temps présents tout en ménageant un avenir encore incertain, c'est là, dans l'immédiateté parfois nécessaire que les puissantes démocraties les plus sophistiquées, respectueuses de la pluralité des voix, de la diversité de leurs sujets, ont du mal face aux régimes autoritaires et autarciques.

Cyclones.

Souvenir de ces ruines aux Antilles et ailleurs dans quelques, de nombreuses, îles tropicales de l'Océan indien et des mers du Sud. 

Le plus grave nous expliquait-on n'était pas l'effondrement ou l'éventrement des bâtiments souvent construits en matériaux légers, ou le scalp des toitures, mais ces résidus volants de parois, de tôles parties de toit, de morceaux d'arbres ou de machines qui fendant l'air vous arrivaient dans le corps comme des obus ou des rasoirs géants. N'en restait pas moins que la simple vision de ces grandes maisons ou de ces hôtels entiers demeurés en l'état faute d'assurances ou de volonté de rebâtir, avaient quelque chose de déjà profondément effrayant, au milieu de paysages, côtes, douces collines arrondies aux sommets couverts de palmiers, plages tranquilles et vertes prairies idylliques.

La dimension tragique de ces lieux longtemps voués au brigandage,  à l'esclavage et au travail forcé du sucre, du copra, des épices, semblait, et depuis aux ravages et misères de l'immigration clandestine, s'inscrire ainsi dans une sorte de mise en scène misérabiliste ou expressionniste involontaire, dans une sorte de destinée de la nature aveugle vouée à la violence des hommes et des éléments sans distinction de niveau ou de conscience volontaire.

Diplomatie.


 Un mot déjà galvaudé devenu obsolète. Gouverner à coup de masse d'armes.

Ennemis (à mes).

 Maintenant vous le saurez : inutile de cacher vos installations sous terre ou même sous roc à plus de 50 mètres, on sait quoi faire et sans prévenir. Le béton n'y peut rien

Quelques bons traîtres suffisent.

Coup de dé(s).

Sommes-nous, au milieu de cet enchevêtrement incroyable de fils de la nécessité qui régit chaque particule, chaque fibre, chaque fourmi, chaque dictateur porté par le suffrage, chaque évolution sociale, chaque concept mis à jour, chaque formule chimique, chaque astre et son rayonnement, chaque maladresse, chaque coup réussi, exceptionnel fruit du hasard, de l'entrecroisement de possibilités de connaissance, de conscience, de minimes actions qui au milieu du cosmos seraient, additionnées, multipliées, répétées, capables de modifier autour de lui, de nous, son, notre, climat ?

Prière du matin.

 C'est Hegel qui en parle ainsi, autant que je m'en souvienne, je ne suis pas fana des très grands penseurs allemands avant Marx, pour désigner la lecture des journaux.

Mon esprit nettement plus étroit se contente, après toutes fois un rapide coup d'œil aux infos, de voir quand ils vont nous faire sauter la planète à coup de guerres préventives et de missiles et drones exterminateurs, au cas où, car je m'attends tous les matins à ce que ce soit déjà fait, sans que nous ayons eu le temps de l'apprendre et de recevoir l'avertissement sur notre portable, ce ne serait pas déjà fait.

Pour ce qui me concerne voici le cérémonial.

Je fais le tour du mûrier pleureur dit "pendula", il a raison de pleurer, la pendule est en marche, pour collecter une par une les plus rares qu'antan (il y a peu) mûres de mûrier, forcément, ce n'est pas la saison des autres, ce mûrier qui pousse fractalement en forme de parapluies grands et petits qui se superposent, puis j'entre par une étroite ouverture des branches retombantes qui se trouve au Nord et refais le tour par l'intérieur sous ce couvert circulaire formé de méridiens feuillus et ramifiés pour, en transparence et à contre-jour, cueillir les derniers fruits sphériques faits de boules minuscules, noirs, murs, laissant des marques de jus sur les doigts.

Voilà ma prière, j'essaie d'être calme, méditatif dans le silence total du haut matin où les oiseaux ne chantent pas encore, où seule la huppe au loin lance son appel au jour.

J'essaie d'oublier mais ne puis, l'état du monde et celui des oiseaux assoiffés qui vont mourir aujourd'hui et les taches sur les feuilles annonçant que le mûrier lui aussi déshydraté est malade.

ANTS (ou l'histoire du géant ANTEE, vous savez celui qu'Hercule étouffa)..

J'adore les acronymes dont on nous bombarde la tête comme au laser en administration, médecine, pharmacie, règlements, impôts et "inventions"(débiles en général) des marques aussitôt imitées par notre dépassée et flageolante gouvernance s'essayant aux jeux de mots rigolos alors qu'elle est incapable d'assurer un service plancher-minimum, nécessaire, fonctionnel et sérieux sur lequel pouvoir réellement compter pour identifier ses ouailles et pour déjouer les arnaques des stupides méchants hackers qui la parasitent comme des poux..

Mais l'Agence Nationale des Titres Sécurisés a dépassé les bornes, en tout cas les miennes.

Après une deuxième visite exceptionnelle et escortée par la garde spéciale en cas d'attentat non signalé, visite définitive et efficiente (toujours pour modifier notre adresse de carte grise), reçu courrier pour document manquant (tout ayant été fourni plusieurs fois ça va sans dire informatiquement et de la main à la main en face à face dans les locaux préfectoraux adéquats, organisés pour réparer les erreurs informatiques) impliquant visite informatique sur le site où après s'être courageusement identifié (ces machines inoffensives en finissent par faire peur) il apparaît depuis maintenant cinq jours (5), que le site est en dérangement à la suite de problèmes techniques.

Ne pouvant étouffer Antée ni le soulever, je ne suis ni Hercule ni le fils d'Hercule, je tire l'échelle comme disait ma grand mère, qu'ils aillent se faire . . . 

samedi 21 juin 2025

Vingt-troisième lame.


Après la lame 22, dans la tradition il n'y en a pas d'autre. La lame 22 se confond dans la plupart des jeux de Tarot avec l'absence de numérotation (ou avec un zéro plutôt suggéré que gravé su la figure du fol ou du mat). Car cette lame dernière est celle du FOL ou du MAT. C'est à dire celle de la poussée instinctive, irrationnelle, qui projette dans l'inconnu, le vide, le non planifiable, le fol et nul avenir qui sort de toute maîtrise et de toute limite, apparition de l'insensé, de l'aliéné, celui qui n'est plus lui-même et peut-être lui-même plus rien. Roi devenu Fou, coincé sans échappatoire, déchu, hors jeu, mort. (Curieux quand on y pense, en dehors même de cette figure obligée du jeu d'échec, de penser au nombre de monarques qui dans l'histoire ont dû subir ce sort, acculés à leurs choix suscitant la catastrophe qui les emporte.)

Mais qu'advient-il une fois le cycle de vie parcouru et après l'apparition de l'absurde, du scandaleux de l 'insensé supposé être le point final de l'aventure complète du héros (à savoir : tout un chacun) une fois même la mort, arcane 13, juste avant le 14ème, celui de la continuité du quotidien, (provisoirement) évitée lors des conflits et erreurs parsemant l'existence ?

Première approche : s'il s'agit d'aller au-delà, au-delà de l'échec, de la folie qui conduit au néant, au-delà même du HS, le hors service de l'excessive fatigue . . . parfois inspirateur de tremblante nouveauté, de découverte inespérée, de cheminement risqué mais triomphant, illuminé, que va-t-on trouver dans l'après de cet au-delà ? 

Les anciens et les peuples premiers s'y sont bien évidemment risqués. Et on risqué d'y trouver cet autre état mystérieux qu'on a parfois, rarement, qualifié dans de très anciens textes bizarres de théologie, ou voire même de droit ou de médecine légale, de ce mot apparemment ridicule . . . d'

Ultramort.

Il vaut mieux en rire comme dans ce village de Catalogne qui porte ce nom étonnant et qui, sur une route rejoignant des villes côtières très touristiques comporte pas mal de très beaux gîtes pour vacanciers installés dans d'anciennes et vénérables bâtisses de pierres et de briques pourvues aujourd'hui de piscines attrayantes. Mais, même là, les historiens hésitent ou trébuchent sur ce mot étrange et aux vertus éventuellement comiques, un comique noir apprécié dans le contexte de recherche du plaisir qui domine aujourd'hui. Certains bottent en touche et renvoient au sens de "mort" qui peut désigner un plan d'eau non courante et a pu signifier que le village au dixième ou onzième siècle a été bâti sur la route après le marécage. D'autres plus prudents chercheurs en étymologie et en explications échappant au populaire, ne disent rien de cette appellation obscure.

Personnellement, en proportion des aspirations à la gravité de cet écrit lancé ici en petites bouteilles flottant sur l'eau noire du grand Net . . . 

. . . .je dirai que cette affaire d'ultramort (tiens voilà un beau titre de polar offert à qui voudra) a pu poser de sérieux problèmes en des temps où l'appréciation des critères médicaux d'une mort certaine, celle du bout du bout, sans résurrection ou rétablissement possible, étaient faillibles d'une part et où, par ailleurs et conjointement, les spéculations et croyances sur l'au-delà terrestre allaient bon train.

Pour l'instant je préfère m'arrêter à cette image qui me vient - j'ai dû trop fréquenter les écrits et les cimetières des romanciers et feuilletonistes du dix-neuvième siècle - du croque mort qui littéralement, avant de mettre l'étiquette identifiante à l'orteil du citoyen  qu'il s'agit de désigner, pouvait, selon la légende ou peut-être la tradition, s'adonner courageusement à le mordre. Acte rigoureusement officiel certifiant que le trépassé était effectivement passé outre-tombe, ce qui en somme ( voyez le nombre de livres évoquant ce fait, sans parler du titre de notre Enchanteur du Grand-Bé) ne prouve et ne garantit rien quant à la disparition totale et au pur et simple effacement. 

Pour l'instant, dans un temps provisoire de recherche à poursuivre, cela ne va pas plaire aux plus délicats, on pourrait imaginer sur le ton sardonique que j'affectionne, dans la veine d'une dérisoire présomption de recherche encore, par-delà le ridicule, possible, une lame représentant cet homme (le croque-mort) en acte. 


jeudi 19 juin 2025

Bouton.

Avoir vécu ça après Hiroshima :

Nous voilà suspendus à une main, un doigt, qui s'appuiera ou pas sur un bouton.

(C'est eux qu'il faudrait éliminer si le dire n'était pas déjà un crime. )

Objets/fil.

Bien sûr la collectionnite peut être une maladie. Posséder, posséder, s'assurer d'un entourage de doudous, pare-chocs contre les aléas de la vie, s'assurer contre la pénurie en cas de disparition, de situation choc, de manque.

Bien sûr je ne nie pas posséder un certain nombre d'objets à valeur apotropaïque, balangandan, figua, main de fatma, corail, pièce rare, huacos, poteries ou grelots métalliques accompagnant les morts, tout petits morceaux de temples ramassés par terre à une époque permissive et perdus depuis dans d'autres voyages (Acropole ou temple d'Apollon de Delphes) supposés, pour certains fous voyageurs du souvenir ou du pèlerinage rituel, pièces à conviction de la mémoire plus que porte bonheur. 

Bien sûr je sais que certains masques africains peuvent avoir une valeur spéciale dans la communication avec un monde caché d'esprits, de divinités, de forces naturelles. Je n'y crois pas vraiment mais comme objet de méditation ce sont des éléments chargés.

Tout cela est encore au fond désir de possession, d'appropriation, de pouvoir, labyrinthe et chemin d'initiation, carte et maquette de trajectoire, trace, corps extérieur construit, appendice et armure.

Mais c'est tout comme quand je m'assure la possession de quelques livres pour moi si formateurs, si primordiaux, devenus des objets "sacrés" ou quand je recueille, que d'autre jetteraient de vieux outils rouillés, pinces, marteaux, scies, limes, remontant à plusieurs générations de ma famille ou extérieurs à elle.

Désir de possession et de complétude face aux dépossessions, pertes, risques de la vie habituelle, désagrégation de tout, âme et corps, tout un.

Mais aussi, labyrinthe, chemin tortueux où je m'enferme pour être moi, coquille d'escargot longuement formée qui est moi aussi bien que ma pulpe sensible. Non pas musée du moi, j'ai gardé peu d'images, plutôt panneaux indicateurs de route, bornes, jeu de piste, carte en relief, guide et jalon, fil.

Urgent.

Ce matin depuis un moment ( à 6 heures du mat) j'essaie de fixer dans le mur sud une sorte d'espalier pour que les trois vignes qui m'ont fait la grâce de pousser de longs sarments aux bouts vrillés puissent s'accrocher et recouvrir une partie de l'enduit de la façade au lieu de retomber en avant dans le vide, déjà chargées de petits raisins bébés. Le problème c'est le soleil qui monte et me tape sur la tête. Divers retard sont intervenus, dont celui de l'échelle dépliante et coincée, mais ça ira ça ira. Il va bien falloir qu'elle s'accroche et monte jusqu'à s'emparer des anciennes paraboles devenues inutiles, couvrant de grappes ce mur ingrat.

mercredi 18 juin 2025

Nuit.

 Se dépêtrer de la nuit où nous plonge le corps et ses besoins de relâche pour une relance et répartie qui étonne toujours. Ne rien attendre, ne rien souhaiter, réagir, revibrer à ce qui est pur possible et cependant on le sait offert aux pires erreurs, découragements, blocages.

Chaque jour éblouit s'il est capté dans sa nouvelle lumière. Funambule d'horizons inconnus.

Projeter.

 Chaque jour qui nait avoir de nouveaux projets ce qui n'empêche pas de poursuivre les mêmes.

En découdre.

 Le seul mot d'ordre aujourd'hui, à grande et petite échelle.

Au carrefour des villes ou entre grandes ou petites nations. 

Tout ce qui aurait pu ou dû être réglé par les clés de la civilité, du respect de l'autre, du débat, de la recherche des intérêts communs, voire de l'intérêt général doit maintenant l'être par l'intimidation, la violence, l'imposition de la loi du plus fort.

Alors étions-nous en train de devenir gentiment aveugles et tombés très bas en hypocrisie bisou nounours à ce point ?

Possible. Pour ma part je trouvais beaucoup à redire sur l'installation d'une confiance un peu naïve en nos instituions et nos mœurs. Rentrant de pays âpres, rudes, cruels, terriblement durs, violents en profondeur et en surface, ou chaque instant expose à des risques sanitaires ou de banditisme et donc rend, non pas paranoïaque mais excessivement prudent et soucieux de se protéger, cela me choquait, cette belle naïveté, cette absence de prudence, cette excessive confiance.

Les monstres ne sont pas éliminés. Ils reprennent le dessus, un mode de vie fait de cruauté sans complexe. On parle de tir ciblé comme s'il s'agissait de mouches. le climat y serait-il pour quelque chose ? devons-nous nous préparer à un retour, après des millénaires de réflexion, de mise en place de normes, de constructions exaltantes, du jamais évacué comportment primitif ?

mettons ça sur le changement de climat mais alors avec aussi u X : comme climax.

Como aprendi o portuguès do Brasil.

Na rua primeiro.

Depois com las telenovelas.

C'est rien de le dire. mais la telenovela brasileira c'était déjà dans les années 70 à l'époque du Cinema novo, un vrai monde en soi.

Bien sûr il y avait eu une poussée à partir des Etats Unis et par la suite il y aura le Venezuela et la Colombie, sans parler du Mexique, mais le Brésil était premier dans la reprise de ces feuilletons rocambolesque du type XIXe siècle, où l'histoire s'enroule dans les liens de parenté cachées des grandes familles, rendant toute issue non dramatique et plutôt tragique impossible.

Par la suite notre léger accent carioca superposé au français à peine déguisé, sans parler des inévitables bévues d'ans une langue apprise "sur le tas", fera bien rire les Portugais du Portugal. Dans l'instant, c'était notre fille qui, la première, encore perméable et en début d'école primaire, avait bien attrapé l'accent traînant, chantant, désinvolte de Rio qui faisait sourire d'aise les Brésiliens qui venaient chez nous. Donc nous regardions tous, vautrés sur un canapé de cuir artisanal, fait de pièces inégales et de chutes recousues qui avait quand même fière allure, acheté au marché hippie d'Ipanema, sur une télé minuscule en noir et blanc, importée de Miami, ces histoires invraisemblables et jamais à court de retournements qui me donneraient pour toujours le goût des histoires invraisemblables à retournements acrobatiques, impossibles et pourtant vrais.

Ah . . .  le plaisir de parler brésilien, de plus en plus couramment, avec cette impression de fluidité intérieure, même si écouté de l'extérieur il pouvait encore y avoir quelques rocailles ou rigidités, avec des Brésiliens ! Je me souviens que même mes beaux-parents critiques et peu complimenteurs (nous avions emporté leur petite fille à des milliers de kilomètres), qui avaient traversé l'Atlantique pour venir nous voir, étaient un peu ébahis de nous voir indiquer à des touristes brésiliens, en brésilien, le trajet à suivre dans le Jardin botanique de Rio pour voir les espèces les plus rares ou les plantes carnivores.

mardi 17 juin 2025

Départs.

Détester les adieux, aimer les départs,

même encore, ça continue, horreur des quais, ne pas prendre le train. Ou alors un quai avec un grand bateau pour aller très loin.

J'aurais dû naître au XIXe dans une grande famille pour avoir le plaisir de charger des males dans de grandes voitures. Ou aussi bien partir en Amérique sur un cargo avec un petit baluchon.

Même encore excitation du départ pour faire 300 kilomètres ou 350 ce qui me suffit pour changer d'air ou de pays. L'un à l'Est l'autre à l'Ouest.

Souvenir d'un départ pour la Corse sur le Napoléon Bonaparte, pas très loin pourtant mais d'un bord très haut avec vue sur Marseille dans sa majesté de ville au soleil couchant et la Corse c'est, c'était déjà, proche, un autre monde.

L'ambassadeur du Brésil au Sénégal de Senghor, Joan Cabral de Melo Neto, un modeste et grand poète dans la tradition des lettrés inspirés recrutés sur personnalité plus que sur carrière et sur titres,  me disait que ce qui le surprenait tous les jours sur la côte de Dakar c'était de voir le soleil se coucher au lieu de se lever comme à Recife.

Vous me croirez si vous voulez.

 . . . car effectivement, ça a pu marcher.

Lors d'un retour à Rio, nos chefs qui s'ankylosaient et se languissaient un peu de froid et de boulot-dodo-métro-RER à Paris dans leur petit bureau, et qui finalement nous enviaient un peu, nous envoyés expatriés, aimaient bien nous organiser des réunions à Rio quand nous étions en poste en Sud-Amérique, car évidemment ils en profitaient aussi pour venir nous y manager. En général ça durait au moins une semaine avec divers prétextes, réorganisation des réseaux, fête du bicentenaire de la Révolution française ou de la "découverte" après cinq-cents ans . . . de l'Amérique, etc . . et donc j'ai eu la chance à cette occasion d'être logé dans un appartement prêté par un collègue absent à ce moment là d'où, au lieu d'être logé en dessous, proche mais sans le voir, comme ça avait été le cas pour moi au Leme puis à Urca, d'où donc, bien que situé assez loin, on avait une très belle vue sur le fameux Pain de Sucre en question.

Vous me croirez si vous voulez mais ce fut une période euphorique de notre vie de couple, peut-être par un autre phénomène de répercussion et transmission, imitation parodique en l'honneur de cette partie de notre jeunesse passés conjointement à Rio, à découvrir nos corps libérés dans la beauté exubérante de la vie tropicale et aussi par référence au marquis, génie et dieu tutélaire de notre terre d'adoption auprès de Figueras et du Cap (pourtant) Creux.

De là à penser qu'en cette capitale des moiteurs, un sort est jeté au voyageur du haut de ces piliers géants de granit naturel  . . . .

La clé de Salvador.

Attention, pas de confusion, je ne parle pas de Salvador de Bahia mais de Salvador celui que j'appelle parfois Salvalor Dadi qui eut droit au beaucoup plus terrible Avida Dollars de Breton. car ici comme en bien des matières, Dali, l'immense Dali de Cadaquès ou si vous préférez, Idal de Quedacas, détient des secrets qui n'appartiendraient qu'à lui s'il ne les avait pas livrés publiquement dans son autobiographie circonstanciée.

Il dit quelque part qu'enfant ou adolescent il a découvert un rapport entre ses propres érections et la vue ou la perception quelconque ou le simple souvenir du clocher de l'église voisine de la maison de son père, qu'ensuite dans sa vie lui avait été favorable en ce sens l'image d'un édifice élevé, tour, pigeonnier, gratte ciel ou monticule pointu. Diable ! que cette transmission homomorphe par analogie est . . . intéressante. . .

lundi 16 juin 2025

Pain de Sucre.

Ce pourrait bien être une affaire de Pão de Açùcar.

En effet; ce spectacle des très anciennes roches magmatiques dressées en masses phalloïdes, et pas seulement sur le monticule géant le plus célèbre qui se trouve en avancée sur la mer entre les quartiers de Urca et du Leme, face à  Niteroï de l'autre côté de la baie, mais aussi sur les monts environnants dont, un peu arrière, l'imposant Corcovado (littéralement le "bossu") tardivement réquisitionné en socle du Christ rédempteur, ne laisse personne indifférent aux caprices d'une nature antédiluvienne superbement déployée comme puissance immémoriale éternellement en folie et faite ici de poussées et soulèvements granitiques aujourd'hui situés en plein milieu de zones urbaines venant sans arrêt s'échouer au plus proche, à leurs pieds.

Mais ces surgissements de granit haut bandés au-dessus des plages semblent avoir d'autres effets plus fantasmatiques ou fantasmagoriques.

Brésil imaginaire et bien réel.

 Pourquoi Rio de Janeiro est-il ou est-elle (rio masculin en portugais et rivière féminin en français) une ville aussi fantasmatique ? Pour tout le monde je crois et encore plus pour moi.

. . . . [ et s'il vous plait, pas de Djaneiro, plutôt un "J" très doux comme en français, j'en ai marre de ces hypercorrections fausses et d'entendre "Dja" au lieu de "ja" . . . comme d'entendre en espagnol Migüel avec un U accentué en "ou" alors qu'il faut dire Miguel comme en français le U ne se prononçant pas ! ]. . . .

Bon, ceci dit, j'entends bien que Rio est une des plus belles et surprenantes villes du monde et que en ce qui me concerne c'était mon premier poste en étranger outremer et donc un éblouissement après n'avoir franchi les frontières de l'hexagone restreint déjà un peu parcouru et vécu en divers points, que pour aller à Bruxelles, en divers points d'Espagne, dont les Baléares et Santander, et au plus loin et plus différent, en Tunisie.

Rio, la Rivière de Janvier des premiers conquérants tient son attrait d'une position géographique exceptionnelle entre baie et baies, grande baie, comme une immense embouchure et plus petites baies découpées sur un océan gardant de hautes vagues malgré ses enfoncements en terre,  et d'autre part monts couverts de forêts primitives, végétation exubérante, parsemés de "mornes" ces pains de sucre de granit abrupts et arrondis ou formant table ou enclume et dominant largement la baie.

Et donc tout au long de cette immense ville étirée sur l'océan, plages et plages jusqu'à l'infini vers le Sud.

Bien sûr, samba, chansons universelles, carnaval tout ça, mais pas seulement.


dimanche 15 juin 2025

Espoir. . . .

 . . . de retrouver bientôt l'eau encore fraîche des courants du Cap Creux et bientôt aussi les amis de la plage-calanque-village et son salva-vidas revenu encore une fois pour nous surveiller à contre-saison de sa Patagonie natale. 

Retrouver mon corps (faussement) fluide dans l'eau fraîche et salée au re-contact de ses mouvements d'accord avec l'élément primordial.

Raie manta.

J'ai souvenir d'une magnifique et tranquille raie manta glissant au fond de la mer, à huit ou neuf mètres au-dessous de mes palmes et de mon ventre. C'était aux îles du Rosaire non loin du rivage et proche d'un îlot paradisiaque, à quelques vingt ou trente minutes de barcasse à moteur puissant mais bruyant de Carthagène des Indes en Colombie. A l'époque d'Escobar avant qu'il ne soit rétamé et juste quand avait commencé Tempête du Désert le premier acte de la terrifiante guerre du Golfe. Juste après avoir vu cette raie nous avions passé la nuit à regarder sur CNN les frappes sur Bagdad.

Je n'imaginais pas à l'époque qu'il y aurait des grandes raies de diverses variétés tropicales et de très belle envergure se baladant face au Carlton de Cannes, Côte d'Azur ou à plus forte raison dans les canaux de Sète en Occitanie.

Le monde change, a foutument changé. 

Faut-il s'attendre à recevoir sur la tête des missiles, des drones ou de vraies bombes ? Je ferais mieux de transformer ma cave en abri antiatomique au lieu d'envisager de vivre au dernier étage d'un immeuble pour me faciliter la vie et faire mes courses à pied mais devenu vieux, vraiment vieux, de risquer d'y être coincé par une panne d'ascenseur lors d'une coupure d'énergie généralisée comme ce fut le cas il y a peu.

Et au moins dans mon jardin, sortant après le cataclysme final, il me resterait quelques fruits, qui sait, à condition qu'ils n'aient pas été entre temps tchernobylisés . . . cette année les raisins ont l'air partis pour bien mûrir et la vigne a magnifiquement poussé, hissant ses branches et ses vrilles sur la façade, point de cerises, en revanche, ni d'abricots, chus et donc quasiment mort-nées lors d'un gros orage, point de prunes, le prunier sauvage est mort, juste quelques mûres de mûrier moins nombreuses que d'habitude et un peu sèches et le poirier nain de plus de vingt ans, nain parce qu'il n'arrive pas à se développer en régime subtropical, n'a préparé qu'une seule poire, réduction de dépenses d'énergie oblige.

Ondées.

Depuis cette nuit où j'ai branché un arrosage goutte à goute parcimonieux, à peine cinq minutes par zones pour compenser un peu l'extrême chaleur qui s'installe, sans ruiner les réserves phréatiques et pour éviter que ma portion de garrigue boisée, réserve naturelle d'oiseaux, où tous les arbres et buissons, haies, peu à peu attrapent au passage des maladies jaunissant déjà les feuilles ou les aiguilles, éclatant l'écorce des troncs, asséchant la sève dans le haut des rameaux, se transforme en désert d'Atacama, il n'arrête pas de faire, sourire facétieux de la nature ? environs toutes les 35 minutes de petites, très petites ondées, exactement trois gouttes qu'on entend tomber sur les feuillages et puis plus rien. Et la température aujourd'hui se limite à 27° au lieu de 33 hier. Mais d'une chaleur humide qui fait dire "bochornoso", étouffant, lourd, pénible.

Et au loin la huppe fasciée qui penche sa tête en plongeon à chaque

                                                        houp-houp-houp !

n'arrête pas de lancer son appel.

samedi 14 juin 2025

Inventions et bric à brac.

Je me souviens de cette visite à Lima, aussi foldingue que celle de l'asile d'aliénés auquel m'avait introduit un ami journaliste pour me montrer les fresques d'un malade assez remarquablement génial (des immenses paysages en camaïeu de teintes gris beige ou rosé d'un romantisme mélancolique et calme, survolant cuisines, couloirs, salle de réunion de l'institution), c'était encore plus extraordinaire.

Une amie connaissant ma curiosité et mes goûts un peu baroques, parfois churrigueresques, voire post-surréalistes, m'avait fait visiter le repaire d'un homme dont je vous ai parlé peut-être au passage mais pas assez en bien, en louanges suffisantes et méritées. Il fabriquait après une vie d'ouvrier sans grande formation technique, des machines uniques et extraordinaires. Je ne me souviens plus à quoi elles avaient, dans son esprit, vocation à être utiles, mais ce que j'ai retenu dans mes yeux et dans les multiples poches qui au fil des ans se sont attachées derrière en grappes surchargées et bourgeonnantes, ce sont ces grands engins faits de morceaux plus ou moins lourds et grands de ferrailles méconnaissables quant à leur première vie et leur utilité. Ce que je sais c'est que ces assemblages plus qu'hétéroclites, complètement dépenaillés, avaient en fin de compte un charme supérieur. Ils tenaient debout plausibles comme de vraies très grandes machines et ne servaient réellement, sauf à rêver, plus à rien. Et c'eut été les amoindrir que de les considérer comme des oeuvres d'art. Elles étaient bien plus, de vrais engins  destinés peut-être à moquer notre univers au grouillement souvent inutile et nocif.

Pluie.

Si au moins nous étions des faiseurs de pluie.

Même pas capables de faire tomber la pluie nous sommes, après 12.000 ans d'agriculture et de "révolution néolithique". Quel fiasco ! Pour bitumer, bétonner, embouteiller et vouloir nous faire multiplier les batteries qui explosent et susciteront de plus en plus de surexploitation et de guerres pour nous procurer les matériaux indispensables, aussi bien en faisant dégeler le pôle Sud - qui de toutes façons . . . - ça oui, très forts.

Je me souviens de mon père (j'étais heureux de l'accompagner souvent dans les champs d'essais et les fermes expérimentales où il travaillait pour les services agricoles dépendant du ministère de l'agriculture, à développer l'usage du Nitrate, de l'Azote, les recherches sur le gaz de fumier, et bien d'autres nouveautés de l'époque) qui avait réalisé un grand panneau pédagogique illustrant et représentant schématiquement des tirs au canon spécial pour détourner ou faire éclater là où on voulait (où on aurait voulu . . . ) les orages de grêle.

J'étais fier de contribuer avec lui aux progrès (imaginés) de l'humanité.

Brouillon illisible.

 Mais, désolé, vraiment illisible.

Roi de Deniers.


Le roi de deniers, le seul à notre disposition pour l'instant, n'a ni épée ni couronne sur la tête (erreur de la part de Dali de la suggérer) il réfléchit sereinement (autant qu'il se peut dans le contexte) non au milieu de ses richesses mais au milieu d'un monde bouleversé et rendu flottant et chaotique, réduit en vapeurs sulfureuses et aux axes en partie détruits, précisément par l'accumulation de richesses obtenues par les moyens du commerce frauduleux et de la guerre à cette représentation de la vingt-troisième lame du tarot venue après fausse harmonie, utopie, finitude et disparition, qui au-delà du profit n'aurait aucune représentation pour l'instant.

T de Tarot (ainsi).

Fascination de ces lames qui ont quelque chose à voir avec le livre, avec l'alphabet et bien sûr avec une représentation ramenée à la portion congrue, à une symbolique populaire, facilement accessible, simplifiée et ramenée au chiffre vingt-deux (22 situations humaines) tronquée, mais pas seulement médiévale, du destin. Marteau, Papus, Eliphas Lévi, Caillois, Breton, Char, Paulhan, Calvino et bien d'autres s'en sont mêlés.

Mais pourquoi 22 ? Tentons la vingt-troisième. (A suivre . . . )

T O M E . . . . . D E U X (ici commence le).

Pourquoi un Tome deux ? pure superstition ? Croire ainsi prolonger ne serait-ce que d'une coudée ou d'un pied ou d'un pouce de plus, ma vie qui s'achève ?

Parier sur une prolongation accordée et décrétée au nombre de billets ? ou acheter ainsi un passe-droit, une indulgence, une bulle du pape qui me dispenserait du fatidique : "votre ticket n'est plus valable " ; une dispense de mourir dans des temps proches et statistiquement raisonnables ?

Bien sûr que non, quoique. 

Après tout ne suis-je pas aussi maniganceur, influenceur, radoteur, trompeur/trompé, illusionniste/illusionné qu'un autre ? Et donc par là, tous les chemins conviennent pour s'en sortir quand on est acculé, faut trouver l'issue, une deuxième couche de récits et contes arbitraires ne serait pas de trop.

. . . . repeindre les vieux fragments de fresque détériorés, rongés, délavés qui au demeurant (c'est tout un ce miracle apparent) laissent apparaître des traces plus anciennes, des origines maculées, ou maquillées et qui maintenant refont surface.

. . . .repeindre noir sur noir brillant, retrouver des glacis et des brillances . . . 

sous cet alphabet, un autre plus ancien, tiens par exemple quand j'observe ces lames du Tarot . . . (à suivre) . . 

E de In Exitu sum ? et/ou nouveau départ au six-cent-cinquième message ?

Numéroté (je n'ai pas compté à vrai dire, c'est l'algorithme) en comptant ce dernier pour faire 605, entre désir, mémoire, effort d'impossible sagesse, inaction, impossible abandon, départ, redépart, renouveau, soif d'inconnu. Folie et illusion ressort de vie. Foutue niaque (du gascon gnaca à l'infinitif qui signifie mordre).

Je vous l'ai dit j'adore renaître, ce qui grâce aux dés du hasard m'est arrivé souvent. Y compris en faignant et frôlant la noyade. Les sept vies du chat, c'est connu. Mais je suis plutôt sous des dehors de modération et de repli, un forcené. Plus fou que forcené ? Doux dingue ? Imbécile (sans bâton ni garde-fou, ni corde, ni balancier, ni limite) ?

Il faut l'être pour aboutir à quoi que ce soit. Rien n'est donné, même pas la planche de salut en cas de naufrage, encore d'ailleurs faut-il la saisir, en dernier effort presque impossible dans le mouvement des vagues au milieu des décombres fracassants.

Alors si vous préférez lisez

F   I   N   

sachant que ça repart de plus belles. Plus en profondeur, chercher les couches sous les couches. J'ai été jusqu'ici bien trop superficiel. Creuser, dans les souvenirs et leurs interprétations. Leur sens latent, caché, révélateur. Je n'ai encore rien dit de l'essentiel. Autant pour moi, autant pour vous. Je doute encore et ce n'est ni triste ni exaspérant . . . 


jeudi 12 juin 2025

D & U . . . Découragé mais carrément Utopique..

Un peu découragé par la tournure des événements je me dis que j'ai tort. Ce n'est jamais ce qu'on a prévu qui arrive, ni individuellement ni collectivement. C'est toujours un peu à côté ou carrément à l'envers, ou en tout cas inattendu car personne ne "remplit les cases" des cahiers de charges des planificateurs ou des prévisionnistes, ces cahiers étant eux-mêmes faussés, limités, rendus aveugles par le spectre toujours trop étroit des cas de figure et hypothèses subséquentes qu'ils embrassent.

Ainsi nous avions prévu une Europe sans guerre et progressant vers un humanisme de plus en plus respectueux de la nature, en définitive une Europe exemplaire face à un mode à remodeler [n'était-ce pas là encore un effet, une prolongation linéaire édulcorée, de nos passés coloniaux d'êtres supposés porteurs de civilisations supérieures ?].

Diable pourtant, comment n'avions nous pas vu venir dans nos propres rangs et réserves ces tornades d'oeuvres, ces bataillons d'artistes qui imaginaient et montraient les cataclysmes qui nous affligent ? les monstres engendrés par nos systèmes ? les hécatombes et destructions qui se préparaient dans les coulisses de nos calculs hypocrites ? SF terrifiante mais pas seulement, portraits à la Bacon, body art, installations et performances appelant au secours ?

Et les ethnologues les avions-nous lus ?

Ne savait-on pas que les peuples sauvages voués à la disparition n'étaient qu'une portion de l'humanité souffrante, écrasée, niée par nos avancées purement technologiques, démonstration de notre inépuisable pouvoir de négation-destruction-domination.

Nous, abonnés à la logique de guerre, aurons peut-être l'espoir, un jour, de voir se lever une génération de réfractaires, de déserteurs des zones de combat. Motivés par l'infini respect de ces "petites différences" qui font le spectre lumineux de notre espèce.


mercredi 11 juin 2025

Cariocas.

Parmi les souvenirs que j'ai des habitants de Rio, celui-ci demeurera toujours : 

arrivés dans le quartier de Laranjeiras, un des plus anciens, pourvu de nobles bâtiments et de rues relativement étroites descendant du parc Guinle, au-dessous du Corcovado, vers la mer, marchant sur les pavés de la Praça Sao Salvador, nous étions fascinés par la foule. A une époque où Paris ou Londres étaient beaucoup moins cosmopolites et sévères de ton, aux habitants engoncés dans des vêtements de travail gris et fermés, Rio présentait une telle variété de couleurs (peau et vêtements) de populations aux types multiples qu'on pouvait passer des heures à observer la décontraction de ce peuple hyper-métissé et à ce moment là comme toute l'année, ou presque, marchant au travail ou se rendant à la plage à demi-nu, en masses bariolées mais compactes, luttant contre le flot de voitures en se formant en bataillons constitués à chaque traversée de chaussée, qu'il y ait ou non un feu ou des passages cloutés.

Le deuxième souvenir de Rio qui nous a marqués est celui des taxis, fonçant derrière les bus et se faufilant entre les voitures à toute allure, sans aucun respect d'aucun code, faisant fi de toute priorité. Je ne sais combien de courses j'ai dû faire pour chercher un logement, empruntant le bus pour les grandes distances, des taxis pour les petits trajets d'approche.

Le troisième est cette gentillesse des gens faisant effort pour nous comprendre, nous aux accents étrangers si éloignés du répandu, traînant, chantant accent carioca.

Le troisième est la silhouette enlevée comme sur une estampe de ce grand noir athlétique portant non pas une mais deux grandes bouteilles de gaz propane sur sa tête aux cheveux épais servant de protection dans une station service située au milieu du principal boulevard de Botafogo, longeant la mer en descendant de Laranjeiras.

En ce temps là . . .

 Il y eut des événements particulièrement dramatiques, des famines provoquées, des guerres, des massacres, des spoliations de territoires, des génocides et épurations ou nettoyages ethniques et incontestablement des crimes contre l'humanité commis sans obstacle majeur, des coupures massives des aides humanitaires indispensables et à peine suffisantes mais (presque surtout et dans le monde entier) un renforcement cynique, systématique, brutal contre tout sens de la solidarité du pouvoir des nantis. Une réapparition violente du visage le plus veule de notre espèce : celui de la domination renforcée et prioritaire des plus forts, parvenus ou héritiers, considérant les plus faibles comme moins qu'humains, indignes de considération, de soutien, de compassion, d'écoute ou même de survie.

Dans le même temps émergeait, du moins dans certaines sphères bien approvisionnées et nourries, une progression bienvenue du droit des animaux nos frères sur terre de telle sorte qu'ils puissent partager nos malheurs et nous réconforter face aux déconvenues humaines.

Par ailleurs surtout, surtout, augmentait la futilité, l'attention aux petites différences conférant le statut social grâce aux biens de consommation, l'intérêt pour des leurres mis en place par les marques, les banques, les institutions, les personnalités politiques, tous les acteurs et utilisateurs de la propagande et de la publicité.

Tout cela aurait pu, presque, être matérialisé par la casquette rouge que se renvoient, signe de leur domination ploutocratique, de leur état supérieur auto-proclamé et justifié par leur fortune, d'une tête aux rictus monstrueux à l'autre, un Président du Monde Libre, POTUS, et son acolyte en destruction de structures démocratiques.

Matin (ce) tôt.











 

lundi 9 juin 2025

Pie.

 

Devant mon nez (je suis assis à ma table et l'oiseau est de l'autre côté de la vitre fermée pour me protéger / déjà en ce début juin / de la chaleur) se pose la pie mâle du couple qu'à longueur d'années je nourris de miettes du pain que je fabrique, sucré, aux figues, aux dattes, aux graines, aux abricots secs, simple pain levé ou brioché, et que le couple fidèle qui vit dans la haie du fond du jardin apprécie dirait-on, se pose avec autorité, prestance, force, sûr de lui, en co-locataire de longue date.

Caverne.

Cette nuit au réveil du matin, le trente-sixième de la nuit, je dors par bouts et essais de court-métrages, je me trouvais dans une grande caverne, une caverne où j'étais avec des amis et ce n'était pas la première fois, chose qu'on se dit en rêve en commentaire de conscience et d'arrière plan destiné à resituer le truc, car on n'arrête jamais de recadrer et de gloser . Nous avions l'habitude, parfois, de nous rendre sur les pentes de ce paysage chaotique percé de vallées et de grottes, surmonté de falaises parcourues de chemins à pic en méandres et construit d'étonnantes maisons anciennes en forme de forteresses; cet ensemble plus pittoresque et presque inquiétant que beau ou élégant, plus typé et fort, quasi brutal, plus puissant que bucolique, nous attirait régulièrement et je me souvenais dans mon rêve l'avoir déjà parcouru en rêve, seul ou avec divers amis, sans doute parce qu'il comportait des parcours infinis avec points de vue encaissés ou dominants qui aiguisaient notre curiosité collective ou de promeneur solitaire.

Mais cette fois, notre exploration tournait mal, nous étions tout à coup chassés par un occupant caché de la caverne, un occupant inattendu, car nous étions loin de penser que cette immense voûte recélait dans la paroi de son fond, au ras du sol, une ouverture aux dimensions réduites débouchant vraisemblablement dans une autre salle. et cet occupant caché dont la silhouette apparaissait à peine gris sur gris et encore loin de nous, sortant sans doute, nous l'imaginions, de cette porte discrètement trouée dans la paroi,  nous jetait très vigoureusement des pierres.

C'est après le choc de l'un de ces galets arrondis mais assez massifs qui m'atteignit au front que je m'éveillais.

Je ne vais pas interpréter cet ' antimythe platonicien ' . . . . être chassé de la caverne et recevoir . . . là c'est plutôt raccord homérique, une pierre en plein front (disons dans l'œil du troisième sens, comme un cyclope avec tout ce que cela implique de curiosité, de force et de vision primitive des éléments).

Non la seule chose à dire de ma part, c'est que ça a un rapport avec mes pénates que je dois, ou devrai . . . un jour déménager pour me rapprocher non de la vérité supposée mais d'un peu plus de discernement, il serait temps . . . dans cette vie d'errance jalonnée de fidélités et de constances mais tellement disjointe, en partie contrefaite et pulvérisée, brisée aux vagues du rivage.


samedi 7 juin 2025

S F (probable incipit : En ce temps-là . . . )

En ce temps-là, de fait il s'agit en quelque sorte plutôt ici de rétro-SF : 

Plus un appartement était proche de la mer plus il valait cher à se procurer, même pour juste quelques jours.

Mais c'était aussi le cas pour les oranges, les bananes ou les yaourts ou les artichauts achetés à la tête. Ne parlons pas d'un fauteuil ou d'un lit de repos sommaire ou d'une table pour y manger quelques plats vite faits mais hors de prix, quelle que soit l'absence absolue de qualité, pain depuis le matin coupé et déjà rassis, viande grillée sur plaque ou poisson pêché aux réserves de surgelés importées d'autres mers et océans, s'il vous prenait l'idée saugrenue d'aller vous reposer ou manger sur cet espace sacré entre terre et flot incessant de la mer, réputé public et préservé, des plages inconstructibles mais encombrées d'abris, cabanes et terrasses meublées et sonorisées, vendues en concessions, loi littorale ou pas, à l'encan.

En ce temps-là toute l'Europe passait par des voies uniques et assez étroites, bien qu'elles aient empiété au fil des ans de plus en plus sur les zones naturelles, compte tenu de la circulation quotidienne des divers transports individuels et collectifs, de personnes et de marchandises qui devaient à tout force passer du Sud au Nord pour les vivres bruts sortis des champs et du Nord au Sud pour les personnes et les produits industriels.

En ce temps-là où le Nord se jugeait très supérieur mais avait besoin de se détendre au Sud.

En ce temps là les habitants des mers du Sud s'indignèrent, manifestèrent, soutenus par quelques bonnes âmes, quelques associations, quelques entités internationales, mais finirent par être délogés. Heureux finalement de ne pas être tous comme certains, en des lieux d'histoire mythique et de renouveau déplacé et transposé des ignominies du siècle précédent, bombardés. chassés, évacués ou massacrés.

vendredi 6 juin 2025

Pâtes (faire des)

 Il y a faire et faire.

J'aime bien les faire cuire à mon goût. C'est assez facile faut dire, même pour un manche comme moi.

Mais faire à l'italienne, comme au sein des familles traditionnelles italiennes c'est tout autre chose, bien que pas forcément très compliqué, mais quel travail !

Je dis ça parce que nous venons de faire une cure de pâtes italiennes faites maison, pressées, tassées, moulées, taillées, tressées, torsadées nouées avec soin et toutes sortes d'outils et tours de main, une fête (lasagnes, fettuccine, creste di galli, tagliatelles, fusilli, etc . . . ) chez des amis italiens, trop bons, trop généreux, un régal.

Et ça me rappelle ces soirées illuminées par un feu de cheminée passées près de Sienne dans cette demeure d'un ami ex-pilote, a déguster ses histoires invraisemblables d'atterrissage en Inde par temps de mousson et ses pâtes al dente uniques avec du pecorino râpé ramené de la ferme le jour même.

Raconter (il y a des jours j'ai tellement de choses à).

 A chaque instant, en taillant la haie, en sarclant pour arracher, en chassant les jeunes et minuscules moustiques de mes jambes (je suis en short depuis de nombreuses semaines) en nettoyant la terrasse, en démoulant et tranchant le pain ou en regardant une série ou les infos, ou même en redécouvrant un vieux livre mis de côté dans ma bibliothèque, au vu des illustrations désuètes, en discutant avec quelques amis, en tendant l'oreille pour écouter ce que ma dulcinée me dit de l'autre bout de la maison, des idées me traversent la tête, en arrière plan, en voix off, en défilement de texte ou d'images, avec des titres, des thèmes quand ce ne sont pas comme en rêve des scénarios courts et complets ou de simples réminiscences. Que dois-je faire ? Est-ce anormal ? Ai-je accumulé un trop plein de vie ou suis-je déjà voix zombifiée, mémoire grattée et réécrite cent fois ou au contraire surgissement d'un autre que moi ?

Séries (fabrication en ).

 C'est quoi ça, après Agency qui n'est qu'un remake glacé, confus et maladroit du beau et humain Bureau des Légendes, nous sortent un feuilleton qui se passe en Corse et n'est qu'une pâle resucée, nocturne, chuchotante et là encore un peu confuse du remarquable Gomorra.

Et Affaires Irrésolues aux personnages agaçants qui vient prendre la place du fameux Cold Case.

Production de masse tu nous tiens, alors que les séries honnêtes, fortes, parfois travaillées comme des embryons de film d'auteur avaient le vent en poupe. Il fallait bien qu'ils commercialisent et rabaissent. C'est bien connu dans les marques de supermarché, vous faites de la confiture ou du chocolat ou même de la compote en prenant les meilleurs ingrédients et la meilleure recette puis une fois lancée votre marque maison vous abaissez les couts de production et alors . . .

jeudi 5 juin 2025

I comme (vénérée à tort) Informatique.

En un sens c'est tellement évident, les informaticiens ne sont ni des dieux, ni des anges, ni des saints et l'Informatique n'est pas notre nouvelle divinité suprême. Que nous aurions tendance à prendre pour digne d'une Nouvelle Inquisition.

Ainsi, voilà, simple exemple :

Lors de notre deuxième visite à la Préfecture pour authentifier et localiser l'attache de notre Carte Grise grillée, c'est à dire l'endroit où envoyer les PV récoltés par notre sage et rassis véhicule, avec mes identifiants fournis, et toutes les clés, et signé une décharge pour autoriser la préposée à entre dans l'intimité de ces secrets identitaires et virtuels de reconnaissance, . . . . suspense . . . . . . . . échec.

Pas plus que moi (j'en étais presque plein d'orgueil) la préposée ne parvient à inscrire dans les cases dédiées le numéro minéralogique de mon petit et si vieux véhicule, sans arrêt refusé par la machine.

Suspense. Va-t-il falloir rester dans ce statut même pas hybride, inexistant, non éligible, de véhicule fantôme ? de véhicule errant sans domicile ? sous pavillon non conforme ? improviser, non homologué, un drapeau noir avec crâne et tibias croisés ? et se munir de sabre et jambe de bois, bandeau sur l'œil, pour passer ?

Mais non. Astuce. La préposée dit il faut faire comme si je faisais la démarche à la place d'une personne autre que moi . . . 

Je lui dis mais c'est le cas, je vous y ai autorisée précisément, explicitement . . .

Oui, mais là c'est une astuce pour passer à côté des cas répertoriés . . .

Bon n'épiloguons pas.

Ce n'est pas la première fois, en traînant sur le Net comme un ignare, ce que je fais souvent, que je remarque ceci :  la fausse divinité au grand logiciel hyper-organisé, axiomatisé, hiérarchisé, ramifié et cohérent ne l'est pas toujours. Les informaticiens sont faillibles et oublient des parcours dans leur course à l'organisations et hiérarchisation des propositions, parfois il y a comme un défaut dans l'ordre des questions, alors en bon théologiens jésuitiques de la grande divinité ils ajoutent un appendice au système, un avenant au contrat, dans le meilleur des cas . . . bref, c'est du bricolage plus ou moins bien ficelé, n'allons pas en être tellement impressionnés, dominés et soumis bien qu'au risque de frôler l'interrogatoire sous la pression des nombreuses machines à torturer les simples péquins ou paroissiens. 



Tityre tu patulae recubans . . .

 . . . sub tegmine fagi . . . 

Te voilà disparu Tityre, cher monsieur fauvette de mon jardin d'Epicure. Toi qui chantais sous les frondaisons de mes chênes et oliviers. Car le chant ne trompe pas. Ce n'est pas toi. Ce n'est plus toi. On a volé ton territoire car fidèle tu as dû disparaitre, soit ici soit en route pour venir jusqu'à ce jardin clot, par le détroit de Gibraltar. Peut-être es-tu mort de fatigue ou de vieillesse, ou saisi par un chat, peut-être est-ce un de tes fils qui vocalise à ta place sous la même frondaison, essayant comme toi d'exclamer clairement ce cri, ce nom, TITYRE ! mais moins bien nettement, déroulant son chant moins bien articulé en mélopée criée et joyeuse mais ne prononçant pas bien ce nom, ton nom.

Voilà cher disparu Tityre, voilà mon élégie et mon ode à ta mémoire de gai oisillon.

mardi 3 juin 2025

Une autre idée.

 Projet : oui j'aimerais à tout prendre, si par hasard j'arrivais à ne pas être obligé de quitter mes pénates choisis, n'étant pas nîmois mais l'étant devenu, plus nîmois que moi ni toi ni moi ne l'aurions cru, qu'on m'enterre dans mon jardin, au pieds non pas d'un cèdre mais d'un olivier. Au moins que mes cendres cadeau à la terre que j'ai malmenée et dont j'ai tiré espoir et substance, y reposent en paix. 

Vie.

 >M'est venue au milieu de ces araignées, fourmis, pucerons et papillons ou autres amis-ennemis que je fréquente quand je me glisse dans ces broussailles, branchages, branches tombantes de conifères, cèdres, thuyas, bambous, buissons, feuilles et tiges de mûrier pleureur, une idée toute simple : en quoi serions-nous supérieurs à ces autres formes de vie ?

Nîmes s'éveille au chant des cuculis (prononcer coucoulis).

Ces variétés locales du pigeon cuculina que nous avions au Pérou et qui étaient en bandes, assourdissants toute l'année à Lima, ressemblaient bien aux pigeons, tourterelles et colombes qui roucoulent ici dés 6 heures du matin avec des voix plus ou moins aiguës ou rauques selon l'espèce et qui remplissent le calme du ciel et des fils électriques, téléphoniques, fibre, à cette heure-là; c'est pourquoi nous les appellerons toujours entre nous  "coucoulis".

Mais aussi j'entends la huppe fasciée au loin et le loriot qu'on voit en personne rarement, de temps à autre, mais las . . . las ! plus de rossignol, ils ont réussi avec leurs machines, leurs constructions, leurs travaux incessant non de réfection mais de creusement de tranchées et de destructions de voieries, à les évacuer d'un quartier qui, il y a seulement deux ans, en était plein.

En compensation j'ai cueilli des mûres au mûrier pleureur dit "pendula", petites et encore parcimonieusement arrivées à maturité malgré les pluies de cet hiver qui ont transformé mon terrain en conservatoire naturel des espèces locales de bonnes et "mauvaises" herbes redevenues géantes, dominantes, entremêlées, entortillées, rampantes, grimpantes, collantes, pleines de crochets , de ventouses, de mauvaises intentions de se reproduire en masse, bref de "gafarots" ( Note du traducteur : mot occitan désignant les involucres, système qu'adoptent les graines de diverses graminées pour se faire transporter gratuit par les chaussettes),  qui entrent dans mes chaussures, adhèrent aux poils de mes mollets, se collent sur les lacets grace à une invention naturelle du velcro avant que celui-ci soit breveté par l'industrie, avec des formes ovoïdes, sphériques, cylindriques ou autres mais toujours munies de crochets, flèches, ventouses et hameçons. 

Bref, mon terrain redevenu sec en assez grande profondeur, la pluie s'étant contentée de gagner les nappes phréatiques de meilleure réputation que les dites bassines, ces artificielles retenues d'eau détournant à leur profit les cours d'eau, que voudraient installer les agriculteurs nos ennemis qui par ailleurs ne songent qu'à réintroduire les pesticides pour nous empoisonner et nous nourrir d'un coup et à la fois, au nom de l'infernale concurrence avec des pays encore moins vertueux que le nôtre.

Bon je comptais vous parler de la mise en place de la FERIA de Nîmes, par ailleurs et en parallèle de taureaux (sombres et fiers) déjà dans leur cage, le coral où on peut aller les voir, avant le massacre rituel qui se prépare et aura au moins le mérite, souhaitons-le, de rabibocher les dieux qui nous gouvernent dans l'Olympe des tout-puissants, avec notre pauvre espèce de fous hurlants.

Mais il faudra en compensation encore que je vous parle de tous ces moucherons, pucerons, coccinelles, vermisseaux, scarabées, libellules, minuscules moustiques et forficules ou phasmes ou poux, avec lesquels je fraie dans ma jungle ré-ensauvagée.

samedi 31 mai 2025

C de Capsule spatiale low cost.

 Bien sûr c'est une histoire vraie et plus vraie que nature (on se demande néanmoins comment c'est possible).

Pendant que j'imaginais (mais je vis aussi partiellement, par projection intense, ce que j'imagine) que j'étais dans une capsule spatiale-résiduelle, perdue dans l'espace et bientôt oubliée, ma douce moitié vivait quant-à elle une vraie, on ne peut plus vrai histoire et affaire de capsule. ici-bas, sur terre.

J'ai peu coutume de parler de ma mie mais là hors toute mise en cause, habituellement je l'y mets hors . . . chapeau ! Victoire ! Sang froid, courage !

Voilà les faits. Fatigués de la route, des bagages, de l'ascenseur qui à la suite de la coupure géante d'électricité bien médiatisée malgré son échec à interrompre la cérémonie de clôture du Festival de Cannes, nous avait bloqués à un 7ème oui, septième étage, ma dulcinée avait décidé, pendant que je restais au domicile avec en charge, une fois terminée ma séquence de voyage spatial imaginaire mais en quelque sorte réel, déjà réalisée aux aurores, de ranger, faire un brin de nettoyage, de balayage, de remise en route de la maison quant-à moi, de faire quelques courses, quant-à elle qui habituellement me laisse seul les faire dans notre quartier assez pratique non loin duquel se trouvent quelques supermarchés que je connais par cœur.

A partir de ce postulat, mais là il s'agit de notre vie réelle-réelle, voilà la suite bien réelle aussi.

Il ne s'agit pas d'un narratif 

au sens où maintenant tous les journalistes de BFM ou C News, ou je ne sais quoi de soit disant informatif et récapitulatif balançant tous les jours des scoops, désignent et reconstituent à leur manière le déroulement d'événements dont ils ont juste entendu parler et à propos desquels ils imaginent (je ne parle pas de ceux qui triment sur le terrain mais de ceux qui pérorent en salon, experts ou non), comme s'ils n'avaient pas vraiment eu lieu, un discours de propagande de guerre ou de com stratégique,

il s'agit de compte-rendu, voilà :

Fatiguée déjà et vu son âge proche du mien et percluse, elle prend pour sortir du bastringue, au lieu de l'escalier roulant ( Note de la rédaction : construit et aménagé pour percher le magasin un peu en hauteur dans une zone avérée inondable), elle prend donc avec son charriot à demi chargé des plus nécessaires nourritures l'ascenseur spécial pour éventuellement personnes éclopées ou tout un chacun, qui lentement monte et descend du 0 au +1, facilitant l'accès à ce palais de la consommation circumpériphérique de notre cité.

Elle appuie pour descendre, la porte se ferme et . . . . rien ne démarre.

Bon un jour quasi férié, de pont bienvenu pour les employés, Ascension oblige, la voilà bloquée dans sa descension. Rares clients qui passent et malgré (heureusement) la porte vitrée, personne ne la remarque criant et frappant au carreau.

Pourvu que le téléphone passe, tout en cognant à sa vitre, elle m'appelle, oui la liaison passe.

Je lui dis j'arrive (à peine 1 Km, 5 ou 2 que j'aurais pu faire à pied), elle me dit pas la peine un client m'a vue et a prévenu, ils arrivent.

3 employés arrivent avec une clé spéciale et n'arrivent à rien. Disent en criant pour être entendus au travers de la grosse paroi de verre, qu'ils n'arrivent pas non plus à appeler la société de l'ascenseur. Appellent les pompiers. 

Bon, finalement, 3 employés du magasin, 1 employé de l'entreprise ascensoriste arrivé assez vite, + 3 pompiers en voiture rouge flambant neuve, sauvée, et moi au bout du fil toujours prêt à arriver avec barre de fer et marteau n'importe quoi pour péter l'impossible verre à ouvrir, enfin rassuré.

Cela devrait vous rappeler quelque chose, une affaire de cosmonautes bloqués dans l'espace enfermés dans l'ISS qui nous ont longtemps préoccupés. 

Chacun son truc, nous depuis un moment c'est capsule low cost bloquée.


mercredi 28 mai 2025

Carte grise.

 . . . . je ne sais pas si ce n'était pas déjà prémonitoire ou du moins préfigurateur d'un certain avenir nôtre. Car l'appellation populaire de la C.I.V. , la Carte d'Immatriculation des Véhicules (les véhicules étant par nature destinés à circuler facilement d'une zone à une autre, ça va sans dire) la dite "carte grise" c'était déjà inscrit dans une . . . comme qui dirait "zone grise" . . . ou interlope . . . en tout cas quelque chose de louche ou de bizarre pour le moins . . . je me trompe ?

Voici les faits.

Ma petite Toyota Yaris increvable qui a déjà plus de vingt ans est restée adéquate et même convient parfaitement pour parcourir les anciens chemins de charrette et de transhumance nîmois, immatriculée qu'elle est avec un format de numéro qui bien sûr, incluant le département, ne resemble en rien aux numéros minéralogiques actuels.

Bon c'est très simple je vous dis, mais accrochez-vous autant que moi. Jusque là tout était OK, mais voilà.

La non réception d'un avis de contravention bénin lié à un stationnement limite prohibé certes mais de courte durée, pour accompagner chez un toubib une personne qui m'est chère, m'a mis la puce à l'oreille : feu de Dieu ! négligent et étourdi je n'avais pas fait changer, il y a déjà belle lurette, mon adresse sur les coordonnées officielles de cette plaque et pieds et mains me coûta le rattrapement par les cheveux de cette amende à vrai dire modique bien que peu justifiée et que, faute de réception de l'avis officiel dûment répertorié (l'Administration toute puissante n'ayant pas la bonne adresse n'en pouvant mais) je ne pouvais quant à moi pas la payer afin d'arrêter la prolifération des augmentations qu'engendrait géométriquement ce non paiement. Vous suivez ?

Donc me voilà parti à le conquête de tous les chemins d'Internet le nouveau dieu, franchissant filtres et barrières, pièges et impasses, pour tenter ce simple changement d'adresse si nécessaire sur la Grande Toile comme il se doit.

Première constatation : à côté et même directement à la suite, voire le précédant, du site officiel "dédié" à l'opération en ligne (rien de plus simple à faire), je découvre un FAUX SITE très bien fait, installé là et qui demande, comme de juste, un paiement "sécurisé" pour effectuer cette opération réputée gratuite. Et d'un.

Et de deux je n'arrive pas après avoir trouvé le vrai site vraiment officiel à entrer le numéro de ma plaque minéralogique qui semble ne correspondre à aucun des formats, nombre de cases à remplir, emplacement des tirets intermédiaires, etc . . . et je me dis, les brutes n'ont pas pris en compte les anciens numéros des vieilles voitures.

Colère ! Quoi après avoir voulu au prétexte de sauver la planète que tout le monde asphyxie à qui mieux mieux d'industries, de guerres, de missiles, de déchets, de rejets massifs, de décharges, de traitements salvateurs empoisonnés, etc . . . tenté de proscrire les vieux véhicules même de très petits rouleurs prenant soin du leur, de circulation en zone urbaine  - c'est vrai, la pauvre hyper-chargée en échappement de CO2 , autant qu'en bruits intempestifs -, voilà qu'ils veulent carrément les envoyer à l'abattoir, les vieux véhicules même bichonnés mais non conformes par leur état civil, à la casse, faire qu'on les revende par containers et cargos entiers en Afrique . . . 

Je cherche encore et découvre qu'on peut, dans certains cas, se rendre à la Préfecture maintenant normalement déchargée de ces basses besognes et autrefois haut lieu d'immatriculation pourvoyeuse de préfigurative carte grise. 

Donc rendez-vous.

Et alors surprise, la Préfecture où j'ai rendez-vous est devenue inaccessible, barricadée de barrière et de gardes y compris appartenant à la "sécurité privée" (mention écrite dans le dos des intervenants).

Têtu j'insiste et après conciliabule suis introduit. Mais alors on me dit que outre les pièces exigées normalement requises, dont la justification de domicile, d'identité et de possession du véhicule, j'aurais dû emporter, que personne ne m'a encore  demandée, pour me re-re-identifier, sans quoi en chair et en os je n'existe pas, mon numéro d'identification national ou au moins celui de ma feuille d'impôts devenu apparemment le substitut du moi devant cet aréopage de machines. Car en fait, le fait est là. Plus rien n'existe déjà, que l'Ordinateur Central. Un truc pareil devait bien arriver. 

Je me déplace pour réparer les lacunes de la machine face à mon être persistant, pour recevoir une aide de compassion minimum et la personne qui m'accueille ne trouve rien de mieux à faire qu' à me mettre devant sa propre inaptitude totale à entrer dans les rouages et les circuits officiels qu'avec précisément la clé qui me manque et que je suis venu essayer de . . . . compenser . . . transgresser >. .>> >.outre-passer . . . bon d'accord j'aurais dû le savoir, on apprend tous les jours, quel idiot je n'avais pas encore compris ce que tout le monde sait, matricule tu es, tu le refuses et voudrais te faire immatriculer correctement, quel crétin !

Oui, me voilà à jamais entré en zone interlope grise, tellement estompée que me voilà susceptible personnellement d'effacement, ma carte l'était déjà.

jeudi 22 mai 2025



Chaise bleue (pour l'étude d'un remake).

Quand je retrouve ces chaises bleues en vrai ou ces images de chaise bleue dans le ventre de mon ordi, ça me reporte à un vécu relativement récent mais qui s'est déjà éloigné dans le temps, glissant peu à peu vers (bientôt) une autre époque. celle ou emporté par un enthousiasme inflexible j'écrivais un (ou des) feuilleton(s) dans Marsam.graphics, perdu au milieu de créateurs et exégètes de BD, moi qui en suis resté par ailleurs à l'archéo-prototype de Bibi Fricotin, au mieux, voire (pas le meilleur) à Woopy l'indien ou aux aventures du pirate La Bigorne (Pierrot années 50), détestant Walt Disney depuis toujours et à la fascination, par ailleurs, pour les peintres de la Renaissance italienne inventeurs de la perspective ou du prodigieux Dadaïsme ou du submergé Surréalisme et alentours.

Je me souviens de cette affaire (déjà donc si lointaine) de chaise bleue gravée d'initiales trouvée sous les eaux du Cap Creux (que las Catalans me pardonnent, je veux dire Cap de Creus) qui provoqua une enquête et un scandale lié à l'équipe Duchamp-Picabia (amitié de joueurs d'échec sur la Croisette de Cannes) ou Duchamp-Dali (Duchamp étant souvent venu à Cadaquès) ou encore, du moins peut-être, à ses émules tardifs ou peut-être même (hypothèse tout aussi probable) à des faussaires.

mardi 20 mai 2025

Méthode.

Ma méthode de discours est simple. 

Par moments alors que les trois quart du temps je laisse s'écouler des flots d'impressions, d'idées nouvelles, qui me semblent sortir du tout mâché ou de sentiments étranges que je garde pour moi, il advient au cours d'un bref éclair que sonne silencieuse une alerte, une impulsion qui me dit : note ça ! Et pourtant je sais bien par avance quand ça ne pourra intéresser personne car on pensera au vu du titre que je ne fais que céder à l'actualité ou bien je sais bien aussi que je m'aventure inversement dans le trop spécialisé d'un débat, ou l'inactuel apparent de ses retombées, mais surtout, et cela vaut la peine d'être noté, l'impression vague, le point de vue ou l'idée qui ne me semblaient pas mirobolants s'avèrent à l'usage, au sortir de limbes flous, intéressants pour tous, pour vous et pour moi.  

Parfois j'ai déjà le titre et je sais ce que je crois vouloir dire, parfois le sens où l'intention s'infléchissent tout en écrivant mais il arrive donc aussi que rien ne soit clair au démarrage de l'écriture et que se révèle l'inattendu à mes propres yeux.

Ainsi cela peut arriver (rarement) pour quelques histoires que je raconte dont l'essentiel est cependant constitué de faits vrais, réellement vécus;

j'ai par exemple, une fois, une seule fois, commencé à parler d'un certain ami plus ou moins perdu de vue aujourd'hui dont j'ai travesti le nom, le rendant parfaitement méconnaissable, en l'écrivant à l'envers pour éviter de l'y impliquer, et l'ai fait entrer dans une histoire en partie effectivement vécue, sans savoir où la suite (inventée) aller nous mener. Or cette suite impromptue était tellement surprenante et finalement "vraie" au regard des mythes locaux, appartenant au lieu bien précis où l'affaire se déroulait, qu'elle a pris tout le monde de court, y compris moi et qu'elle a fait un tabac dans le genre poétiquonirique (passez moi ce néologisme) que j'affectionne quant à moi et qui parfois me saisit sans que j'y puisse rien comme une émanation, un écoulement, une nuée qui se formeraient seuls et me seraient étrangers. Or cette histoire un peu insolite, cette affaire trouble était, s'est avérée ensuite, tout à fait . . . comment dire ? "compatible" avec le récit archaïque légendaire et bien oublié de tous qu'évoque une mosaïque récemment découverte dans le sol nîmois.

Mais rassurez vous, ce discours au long cours fragmenté est fait de pièces de céramique tirées du réel vécu sans illusion ajoutée pour la plupart de ses bouts.

Et ce que j'invente ou crois inventer un peu malgré moi est après tout encore plus révélateur sans doute de ce qui reste caché et est amené à se manifester.

Poste à Galène.

 En ai-je déjà parlé ?

Fasciné par ces pionniers qui utilisant cet instrument si fragile, si aléatoire, dont l'un appelé "moustache de chat", arrivaient à communiquer avec des inconnus du monde entier ? Et surtout fabriquant eux-mêmes et essayant de maîtriser par tâtonnements et une patience infinie leur matériel ultra-simple et léger. Du quasi bricolé d'écolier curieux et assez malin -  mon père qui avait été radio dans la guerre de 40 et qui maîtrisait par ailleurs parfaitement le morse, adorait ce truc de dingue qui marchait sans électricité .

Orage.

 Ils ont prévu des catastrophes venues du ciel, des palmiers déracinés, des sous-sols entièrement inondés, que va-t-il réellement arriver après ce printemps trop humide et ce ciel imprévisible ?

Cosmonaute perdu ?

 Cette image me poursuit.

Depuis . . . je ne sais plus. Ce phénomène a dû commencer à Nîmes quand j'habitais au centre ville et peut-être ça avait commencé avant, à Rio déjà sur cette grande table ornée d'un cendrier ancien en verre et en métal que j'ai encore sur mon bureau italien aujourd'hui, dans cette grande salle qui avait servi de salle de réunion et de salon de musique qui occupait tout l'étage et que les propriétaires qui vivaient au-dessus nous avaient louée comme salle de séjour dans l'appartement avec accès direct par grand escalier qui occupait la bas de cette étrange et unique maison perdue au milieu des immeubles du quartier du  Leme. (N'ayant pas gardé de photo de l'intérieur, il faudra un jour que je vous dessine ce lieu spectaculaire).

De fait, quand j'écris, face à la page blanche ou à l'écran, je me suis souvent vu, passionné que j'ai toujours été de cosmologie, de conquête spatiale, de vieille science fiction, dans la peau d'un cosmonaute solitaire et oublié, perdu en orbite et ne pouvant plus manœuvrer aucun de mes déplacements, réduit à écrire sur un écran fonctionnant encore dans mon vaisseau largué dans l'espace, écran dont je ne sais avec qui (ou même s') il communique encore.


lundi 19 mai 2025

Transits, Escales, Etapes, Stops, Attentes.

Je me souviens de ces sièges confortables, de ces foules désœuvrées, de ces attentes interminables, en ces lieux provisoires, de ces tentatives d'alléger le temps interminable en parcourant les étages illuminés, entre deux vols, deux destinations, deux retards probables, les couloirs, les galeries, quelquefois de nuit, toutes boutiques et bars fermés, quelquefois dans la chaleur insupportable, quelquefois dans des espaces au contraire restreints et peu éclairés, ou glacés de clim, à Cayenne, Caracas, Asuncion, Marseille ou Djibouti, voire à Paris, passé d'un aéroport à l'autre, c'était inévitable.

Souvent je rêve et aussi je vis ou revis des recherches de sites, de maisons, d'appartements, de lieux où attendre, de lieux à l'abri de tout ce remue-ménage.

J'ai aimé aussi de temps à autre certains points où me fixer au moins dans le provisoire.

J'ai tellement aimé Rio, et finalement les plages bretonnes en hiver et Rio plutôt en été suffoquant, sans parler de la place de la Loge de Mer à Perpignan jouxtant la Vénus de Maillol, en toutes saisons, Milan et ses vitrines du design, de Nîmes je ne retiendrai que les boulevards à micocouliers qui forment cet écusson feuillu, vert tendre au printemps avancé, autour de la ville médiévale et de Lima que ses rivages en falaises abruptes et noires s'écroulant dans la mer grise.

Faudra-t-il que je retrouve d'autres remparts, d'autres places publiques encastrées entre des architectures glorieuses, d'autres plages moins sauvages et même surpeuplées ?


Bain.

 Cette année, j'ai tardé un peu. Eau à 19°. Un peu de mal avec mon épaule droite pour le soulèvement du bras. Beaucoup nagé sur le dos pour revenir. Retrouverai-je non pas mon corps d'antan mais cette sensation de plénitude qui remonte de toutes les fibres quand il obéit bien aux mouvements pour se glisser dans l'eau avec le moins possible de résistance, le plus possible de fluidité et un épanouissement de l'énergie qui refait surface sous la peau ?

dimanche 18 mai 2025

Bétharram (une affaire de grottes).

C'est bien là la question. Une affaire d'obscures approches pédagogiques. Car en fait Bétharram c'est d'abord une grotte (et une grotte c'est d'abord un lieu étonnamment caché) célèbre au long parcours qui se fait à pied, en barque et en petit train, réputée pour l'explication qu'elle permet de la très mystérieuse et longue formation des cavités karstiques. A ne pas confondre avec la grotte de Lourdes (qui finalement n'est pas très loin de Pau qui est à 25 kilomètres de Bétharram . . . ) bien que selon la tradition, justement, affaire de voisinage, Bernadette Soubirous ait été une habituée du pèlerinage à Bétharram  (bien avant sa grotte à elle) lieu sacré.

Mais voilà que maintenant cette affaire de grottes se prolonge, creuse et  troue les soubassements à la sauce béarnaise de notre Premier ministre. 

Pour ceux qui n'auraient pas suivi l'actualité locale devenue nationale (position inimaginable et intenable pour les citoyens forcément informés de notre beau pays), Bétharram est aussi, en ce lieu du village de Lestelle-Bétharram un établissement privé catholique d'éducation, avéré bien funeste lieu de viol et de tortures d'enfants et d'adolescents, pratiques et lieux plongés, avant qu'éclate le scandale,  dans l'obscurité d'une omerta longue et durable. 

Omerta couverte par qui et jusqu'à quelles instances ?

Si les voies de Dieu sont réputées impénétrables, celles des longues carrières et conditions d'une ambition politique sont peut-être trouées d'obstinés silences et de bien obscures cavités karstiques.

samedi 17 mai 2025

R de Rapprochements saugrenus qui sautent aux yeux aussi éloignés soient les éléments

 Dans ma mémoire je fais donc ce rapprochement incongru : Trahoré-Rougerie.

Rougerie éditeur de poésie selon ses propres choix hors écoles, hors courants et chapelles, de Boris Vian à Joe Bousquet ou Saint-Pol-Roux, éditant ses livres sur magnifique papier à la presse à bras, à Mortemart (Haute-Vienne), éditeur typographe, colporteur de ses propres éditions, parcourant toute la France des libraires dans sa vieille Renault HS, hors subventions, hors appuis politiques, mort à 84 ans, au combat de l'oubli de la poésie, de l'étouffement du poème, lors de sa dernière pérégrination à Lorient. 

Trahoré, mort à 68 ans, respectant sa lignée mais en rupture avec elle, combattant du cinéma Africain qui témoigne sur des thèmes sociaux, dans l'ombre de Sembène Ousman, regard neuf et brechtien dans un monde de plus en plus étouffant malgré les apparences de la liberté nouvelle des indépendances.

L'un du côté de l'apparent archaïsme et l'autre du côté de la modernité.

Etres rares, êtres de rupture réellement libres.

Beu (où est la)?

 Aujourd'hui partout.

jeudi 15 mai 2025

R de Rencontres, Ruptures.

 Au hasard de restreintes recherches toujours liées à des interrogations sur l'avenir qui se prépare, notre avenir aux horizons barrés, aux nuages si chargés et aux sols craquelés, questionnement forcément limité aux matériaux à ma courte portée et à ce que je crois savoir du monde (le peu qui s'en est déjà dévoilé à mes yeux), je trouve sur un blog recensant annuellement et pêlemêle, les morts fameux (drôle d'idée, mais pas si mauvaise, cet annuaire cimetière mémoriel), réunis sur la même page du fait qu'ils sont décédés en 2010, ces deux oubliés de la scène artistique : 

Mahama Johnson Traoré que donc j'ai eu la chance de rencontrer à Dakar dès mon arrivée 

et René Rougerie, éditeur de quelques uns de ces poèmes écrits à la volée sur ma petite Olivetti portative, il y a quelques cinq décades et plus, à Toulouse, à Rennes puis à Limoges où je vivais alors. 

Ce lien fortuit pourrait n'avoir rien d'absurde, Rougerie avait eu lui aussi à travailler en Afrique (dans le domaine de l'action culturelle radiophonique) et si j'ai pu rencontrer immédiatement Traoré c'était en partie dans le cadre de mon travail mais aussi parce que, précisément, frais parachuté au Sénégal en venant du Brésil, je venais de publier ces poèmes qui pouvaient me faire passer pour "artiste" débutant et donc peut-être éventuellement comme un être fraternel bien que situé de l'autre côté de la barrière qui sépare, tout autant au pays du poète Senghor, ex-colonisateurs et ex-colonisés.

Le fait est que malgré tout ce qui pouvait nous séparer, Trahoré était un auteur affirmé, présent comme militant panafricain contestataire, comme pionnier et initiateur dans les instances du cinéma d'Afrique de l'Ouest naissant après les indépendances, alors que je n'étais qu'un assez timide, nouvel, officiel et inconnu attaché d'Ambassade, une ambassade encore un peu trop sûre de ses prérogatives dans un pays "ami" et tout acquis à notre stratégie, nous avons pu avoir d'emblée un dialogue direct et décontracté. Il est vrai nous avions le même âge et il avait - c'étai sensible dans les intonations de son français parlé à voix forte et rauque - fait des études de cinéma à Paris.

Refusant de tourner en français il avait eu déjà la force d'imposer des tournages en Wolof pour ses deux films mettant en cause la condition faite aux femme dans les sociétés traditionnelles intitulés : la Jeune-Fille et la Femme (Dinkha-Bi, Diegue-Bi en version originqle).

Le fait est que aussitôt fait connaissance, ça tombait plutôt bien après un festival du film africain organisé à Dakar, il m'invitait à sa tabaski familiale.

Etrange cérémonie de sacrifice du mouton.

Son père vêtu d'un grand boubou, je m'en souviens comme d'un baptême d'africanité pour moi, retour aux racines du sacré, tranchant rapidement la gorge du mouton criant très fort, et nous, autre génération, lui et ses amis, conteurs, écrivains, musiciens, photographes, alignés derrière, accroupis, saisis par ce spectacle rituel remémorant les origines communes des trois religions, juive, chrétienne et musulmane dominante ici pour l'occasion. 

Puis tout aussitôt, parti le père, éclipsée la famille, grand renversement, rupture de contrat avec le passé chappe de plomb, très rapidement, symbole signal de l'appropriation d'autres mœurs,  pas si futile ni légère, autre initiation, chaines archaïques sciées, cette ouverture des bouteilles de whisky cachées pas loin, sous la surface des coussins des canapés où nous étions affalés et début d'une beuverie entre jeunes émancipés profanateurs.

(A suivre . . . )